Malgré ou à cause des conditions économiques, l’industrie pharma poursuit sa recherche éperdue d’idées et de molécules nouvelles avec son lot d’opérations de rachats et de fusions-acquisitions. Cette semaine, notre attention a été attirée par le rachat de CinCor Pharma par Astra Zeneca, qui nous intéresse à plus d’un titre. Tout d’abord, par le montant mis sur la table par la laboratoire britannique, 1,3 milliard de dollars pouvant atteindre 1,8 milliard en fonction du développement du pipeline. Une somme conséquente mais peut-être pas à la hauteur d’un potentiel blockbuster dans des indications où les innovations se font rares. Cette prime plus que substantielle (+121%) qu’AstraZeneca offre sur les actions de CinCor est-elle réellement justifiée ? Ou est-ce simplement un moyen d’obtenir une « forme d’exclusivité » sur le deal évitant ainsi les enchères que nous avons vues pour Horizon ? En novembre dernier, CinCor s’est trouvé sérieusement chahutée (-48%) sur les marchés après que son produit principal, le baxdrostat, ait subi un gros revers. En effet, cet inhibiteur de l’inhibiteur d’aldostérone synthase n’avait pas atteint son critère principal dans l’étude de phase II HALO chez des hypertendus non contrôlés. La société a dû se recentrer sur l’indication hypertension résistante/difficile-à-traiter, notamment grâce aux données de l’essai de phase II BRIGHTN où elle avait de très bons résultats. L’approche proposée par CinCor s’inscrit dans une voie métabolique bien connue qui a semble-t-il tout pour rassurer un laboratoire comme Astra et lui permet même de se projeter. Ainsi, le baxdrostat, apparaît comme un potentiel complément de franchise pour le Farxiga®, la gliflozine (SGLT2) d’AstraZeneca, positionnée dans les insuffisances rénales et cardiaques. Autre élément rassurant, la présence de « venture capitalists » reconnus (Sofinnova Ventures, 5AM Ventures, Sofinnova Partners et General Atlantic) au capital et dont les réseaux ont certainement joué un rôle actif dans la réalisation de cette opération tout comme Marc de Garidel qui fait de plus en plus figure de « dealmaker » (vente de Corvidia Therapeutics à Novo Nordisk). Décidément, cette opération nous fait un léger pincement au cœur car la situation d’un CinCor n’était finalement pas si éloignée de celle d’un Quantum Genomics, malgré des différences criantes comme la présence de VC à bord, la profondeur d’un marché comme les USA, l’accès à des plus gros laboratoires.


