Antoine Papiernik, chairman et managing partner chez Sofinnova Partners
« Plus de casse en 2024 qu’en 2023 »
Eternel optimiste, le président de Sofinnova Partners entrevoit « des signes encourageants » sur le marché des IPO dans la santé. « Nous venons de boucler deux cessions en fin d’année : celle de la biotech lyonnaise Mablink avec Lilly, et celle d’une autre société française, Limflow, à Inari. Nous avons aussi eu l’introduction sur le Nasdaq d’Abivax, qui a levé 240 M$ en octobre, » énumère Antoine Papiernik. « Roche vient également de racheter l’américain Carmot dans l’obésité pour près de 3 Md$. Donc notre secteur continue de bien se porter, entraîné par les besoins d’innovations du secteur pharma. » En 2023, Sofinnova Partners a ainsi réalisé 10 nouveaux investissements et 26 refinancements, sur ses 100 sociétés en portefeuille, pour un total de plus d’un milliard d’euros de fonds levés, un volume équivalent à celui de l’année précédente.
Néanmoins, les incertitudes économiques et géopolitiques sont actuellement telles, que l’investisseur pressent une année difficile. « Les donneurs d’ordre ont moins d’argent à investir ou sont plus difficiles à convaincre. Depuis un ou deux ans, ils se limitent aux extensions de tours et autres opérations de refinancement afin de donner du répit aux entreprises, » constate-t-il. « Mais certaines ne vont plus parvenir à boucler leurs tours de table… Il risque donc d’y avoir davantage de casse en 2024 qu’en 2023. Il va falloir faire preuve de résilience et tenir avec le cash en réserve. »
Alors que l’oncologie pourrait davantage souffrir de ce contexte, d’autres secteurs devraient mieux s’en sortir, comme les neurosciences, grâce aux progrès récents sur Alzheimer ou l’obésité, porté par l’engouement des résultats autour du GLP1. « En immunologie, nous voyons de grosses levées de fonds de la part de la pharmacie. Et cela devrait continuer, de même que l’intérêt croissant pour le diabète, l’obésité et d’autres pathologies liées à des maladies métaboliques, » prévoit Antoine Papiernik. « Enfin, les pathologies de la femme, comme le fibrome ou l’endométriose présentent des besoins médicaux très importants, c’est pourquoi nous avons investi dans les spécialistes de l’infertilité comme May Health ou, plus récemment, le danois Freya (38 M$), en décembre. »
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