Le leadership mondial de l’antibiorésistance est, on le sait, chasse gardée des Britanniques mais les Français, très représentés au sein de l’Alliance BEAM (1), ne sont pas en reste et entendent plus que jamais jouer leur carte. Antabio, bioMérieux, les Hospices Civils de Lyon (HCL) et Toulouse School of Economics (TSOE) viennent ainsi d’unir leurs forces autour du projet ARPEGE (2) pour combattre l’antibiorésistance.
Le consortium qui s’est fixé un plan de route de 4 ans vient de recevoir 9 M€ dont 5,5 M€ pour Antabio qui pilote le projet. Ces subventions et prêts apportés par Bpifrance (PSPC-PIA) seront complétés par les 2 industriels du consortium à hauteur de 8 M€. Les 4 partenaires d’ARPEGE espèrent, d’ici 4 ans, avoir développé 3 produits commercialisables (Ndr : EpiTrack, Episeq et ANT3310) et surtout un modèle économique de revenus, de remboursement et de formation de prix pour accompagner la mise en marché de l’offre qui sera sous la responsabilité de la TSOE. « Nous avons souhaité créer un mini-écosystème comprenant 4 partenaires complémentaires dont l’ambition est d’apporter une solution multidisciplinaire et coordonnée dans la lutte mondiale contre l’antibiorésistance », confie Marc Lemonnier, Pdg d’Antabio qui ajoute. « C’est tout à l’honneur de la France de soutenir un projet aussi ambitieux autour de la création d’un modèle d’avenir qui pourrait servir de référence. »
3 produits commercialisables d’ici 4 ans
L’urgence est grande. Le risque épidémiologique relié à l’antibiorésistance tue 700 000 personnes par an dans le monde et ce chiffre pourrait monter à 10 millions par an d’ici moins de 30 ans. La crise Covid a certes relégué au second plan cette épidémie galopante mais pour l’OMS, elle constitue toujours l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement. La réponse d’ARPEGE sera, à n’en pas douter, scrutée avec intérêt. « Avec EpitTrack développé par les HCL et bioMérieux, nous sommes dans un système de surveillance épidémique en temps réel et entièrement automatisé qui vise à alerter sur les résistances qui se diffusent à l’hôpital » détaille Marc Lemonnier. « Episeq est un antibiogramme de nouvelle génération déployé par bioMérieux qui fait également appel à l’IA. Il s’agit de diagnostiquer et de prescrire rapidement au moment adéquat le bon antibiotique en fonction du patient concerné. Enfin, notre candidat ANT3310 devrait jouer un rôle majeur dans la lutte contre l’antibiorésistance en restituant leur efficacité aux carbapénèmes qui sont l’une de nos dernières armes antibactériennes à l’hôpital », ajoute-t-il.
Deal industriel à suivre pour Antabio
Plus spécifiquement pour Antabio, ARPEGE va permettre d’effectuer le financement d’une partie de la phase 1 d’ANT3310 et les études supplémentaires pour soutenir les données de phase 1A. « En complément de cette aide exceptionnelle et du soutien de nos investisseurs historiques, Antabio cherche à lever 6 M€ supplémentaires pour couvrir les besoins en financement des 24 prochains mois », précise le dirigeant. De quoi pousser ANT3310 jusqu’à la phase 2 dont les résultats sont attendus à l’horizon 2025 ce qui permettra à l’entreprise d’aller chercher – si elle parvient à tenir son planning – un accord de licence avec un industriel.
(1) Lire BiotechFinances n° 825 du 24 septembre 2018, « ANTIBIORÉSISTANCE : BEAM ALLIANCE TIRE LA SONNETTE D’ALARME »
(2) AppRoche théraPeutique Economique et diaGnostique de l’antibiorésistancE.