La biotech belge, en difficulté financière, perd son équipe dirigeante au milieu d’un essai clinique de phase 2b évaluant sa thérapie cellulaire orthopédique.
Eviction. A l’heure où la biotech belge, à court de cash, est contrainte de couper ses budgets de recherche pour tenter de finaliser sa seule étude clinique, l’équipe de direction quitte le navire. Cette décision prise, selon toute vraisemblance, sous l’impulsion du board et de son charismatique président Jean Stéphenne, concerne d’abord Miguel Forte, le directeur général. Ses fidèles collaborateurs qui l’ont rejoint en 2020 à la tête de Bone Therapeutics : Anthony Ting, le directeur scientifique, Stefanos Theoharis, le directeur commercial et Lieve Creten, la directrice financière, partent avec lui. Ne subsistent finalement au sein du comité exécutif que deux membres : la directrice médicale et la directrice des opérations. Par ailleurs, les quatre administrateurs non exécutifs du conseil d’administration « ont accepté de suspendre leur rémunération pour le premier trimestre 2022 et ce jusqu’à nouvel ordre ».
Le signal ainsi envoyé ne rassure pas. Et sans surprise l’action de la biotech cotée sur Euronext Paris a chuté de 7% mardi avant de reprendre quelques couleurs durant la semaine. Il faut dire que la capitalisation boursière a déjà chuté de 80% en 6 mois et le niveau actuel, de 8 M€, ne reflète pas la valeur des actifs.
Un accord de licence qui tarde avec Link Health
Depuis l’échec d’une phase 3 en septembre 2021 avec son viscosupplément dans l’arthrose du genou, Bone Therapeutics évolue sur une pente glissante. Si l’activité s’est rapidement recentrée sur le développement de la plateforme de thérapie cellulaire Allob dans l’orthopédie, en revanche côté finances, la situation n’a pu s’assainir. Certes, la biotech a obtenu un prêt de 8 M€ de la BEI pour financer sa phase 2b avec Allob dans les fractures du tibia difficiles à cicatriser, mais cela ne suffira pas pour finaliser l’essai. Miguel Forte et son équipe tentent depuis l’automne de trouver des partenaires et/ou des investisseurs pour financer la suite des développements cliniques. Des discussions entamées fin 2021 avec Link Health Pharma en vue d’un partenariat mondial pour Allob – la pharma chinoise détient déjà la licence du produit pour l’Asie hors Chine où les droits appartiennent à Pregene – auraient dû déboucher sur la signature d’un accord au 1er trimestre 2022. « Les négociations avec l’un de nos partenaires chinois se poursuivent, mais prennent plus de temps qu’initialement prévu », a indiqué la société dans un communiqué, ajoutant que « la conclusion éventuelle d’un accord contractuel définitif a été repoussée » au second semestre. Certains investisseurs misent désormais sur un rachat plutôt qu’un partenariat.
Dans l’impasse financière
En attendant, la biotech disposait fin décembre d’une trésorerie de 9,5 M€, lui assurant une visibilité financière jusqu’au 3e trimestre 2022. La réduction des coûts administratifs et l’arrêt de « toutes les activités liées au développement de la plateforme préclinique de thérapie cellulaire et génique CSMi ainsi que les autres activités non liées à Allob », devraient lui permettre de tenir un peu plus longtemps. Peut-être même jusqu‘aux résultats de l’essai de phase 2b attendus au premier trimestre 2023. D’ici-là en l’absence de newsflow, Bone Therapeutics aura du mal à se financer. L’avenir demeure d’autant plus incertain qu’« un retard dans l’obtention de ces résultats ne peut cependant être exclu à ce jour », a prévenu la biotech.
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