(BIOTECHFINANCES N°984 Lundi 18 avril 2022) Cette biotech suisse qui développe des thérapies immuno-oncologiques lève une impressionnante série A. Les investisseurs misent sur le track record des fondateurs.
70 M€. C’est une série A d’un joli montant que vient d’opérer CDR-Life auprès du fonds français Jeito Capital et des Américains RA Capital Management et Omega Funds. Développant une plateforme d’action immuno-oncologique baptisée M-Gager, la biotech suisse entend cibler, avec précision, les antigènes intracellulaires pour atteindre les tumeurs solides. Son programme le plus avancé (CDR404) s’attaque à ces tumeurs en actionnant des cellules T, sorte de bras armé du système immunitaire, dirigées contre les cellules tumorales caractérisées par un antigène spécifique (Magea4) présent dans de nombreux cancers. « Cette levée va nous permettre de réaliser des recherches cliniques, d’abord aux États-Unis mais aussi en Europe », explique Christian Leisner, PDG et cofondateur de l’entreprise basée à Zurich. « Parallèlement, nous pourrons également développer au stade préclinique de nouvelles applications », poursuit-il.
Stade préclinique
Une enveloppe de 70 M€ pour une entreprise dont le produit phare n’est encore qu’en développement préclinique, voilà qui interpelle. Aussi faut-il sans doute chercher dans le CV des fondateurs de CDR-Life pour comprendre l’engouement. Ces derniers se sont rencontrés au sein du labo ESBATech. Rachetée en 2009 par Alcon (Novartis aujourd’hui) pour 589 M$, l’entreprise a été fondée par Dominik Escher… qui compte parmi les 5 cofondateurs de CDR-Life. Une fois intégré à la big pharma, ce dernier a, avec ses actuels associés, dirigé ou participé à plusieurs programmes mondiaux. Parmi eux, on compte le LME636 (Novartis) développé depuis le stade préclinique jusqu’à la phase 2 réussie dans deux maladies ophtalmiques différentes. A des niveaux divers, à l’instar de Christian Leisner, ils ont joué un rôle dans le développement clinique de Rydapt, dont l’application est approuvée dans les maladies hématologiques rares ; et du brolucizumab (nom commercial : Beovu) porté jusqu’en phase 3 positive dans une forme de DMLA et de l’œdème maculaire diabétique. « Les dirigeants de CDR-Life ont déjà prouvé leur compétence dans la réussite d’entreprises. C’est une équipe de grande qualité », salue Raphaèle Tordjman, fondatrice et dirigeante de Jeito Capital.
Une équipe solide
Par ailleurs, entre autres points notables, CDR-Life enregistre d’ores et déjà du chiffre d’affaires grâce à un partenariat noué avec Boehringer Ingelheim « afin de développer un traitement à base de nouveaux fragments d’anticorps pour des formes avancées de dégénérescence maculaire liée à l’âge ».
10e investissement pour Jeito Capital
Avec cette prise de participation dans CDR-Life, le fonds français réalise sa dixième opération. Il s’agit aussi de la troisième dans un labo œuvrant dans la lutte contre le cancer après Neogene Therapeutics et Precirix. « C’est une diversification puisqu’il s’agit d’investissements dans des sociétés développant trois approches thérapeutiques différentes », détaille Raphaèle Tordjman. Le fonds qu’elle dirige n’exclue pas aujourd’hui d’investir dans des biotechs hors d’Europe. Pour rappel, Jeito Capital a été lancé en 2020. Le label TIBI dont l’objectif est de créer des licornes françaises lui a permis de réaliser une première collecte de 200 M€ avec le soutien de grands institutionnels français tels qu’AXA, Bpifrance, BNP Paribas Fortis, CDC, CNP Assurances, Pro BTP ou plus tard Sanofi. L’été dernier, le Fonds Européen d’Investissement (FEI), le fonds de pension américain, Teacher’s Retirement System of Texas et le fonds d’investissement singapourien Temasek, ont rejoint les rangs des souscripteurs. Au final Jeito Capital a collecté 534 M€.
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