Cellectis a présenté de très bonnes datas de phase 1 pour lasmé-cel dans la LAL-B, qui soutiennent l’entrée directe en phase 2 pivotale. L’action a dépassé les 4 € ce jeudi soir.
Le R&D Day de Cellectis a eu lieu ce jeudi. “Le Pr Nitin Jain, investigateur principal du MD Anderson Cancer Center, a présenté des datas de phase 1 fabuleuses pour notre programme interne le plus avancé, lasmé-cel (UCART22), chez des patients atteints de leucémie aiguë lymphoblastique à cellules B (LAL-B) en rechute ou réfractaire”, se réjouit André Choulika, qui a cofondé Cellectis en 1999. “Sur l’ensemble des patients traités, le taux de réponse globale atteint 69 %, avec 56 % de rémissions complètes et jusqu’à 80 % dans la sous-population cible éligible à la transplantation. Parmi les patients ayant déjà reçu des traitements anti-CD22 ou des CAR-T autologues, le taux de réponse reste élevé (85 %) avec obtention d’un statut MRD négatif”, résume le CEO. Quant aux effets indésirables, particulièrement scrutés dans ce type de thérapie, “ils sont tous modérés et parfaitement maîtrisables”.
Ayant déjà finalisé les échanges de fin de phase 1 avec la FDA et l’EMA en juillet dernier, Cellectis “a lancé sa phase 2 pivotale d’enregistrement” et prévoit “le recrutement des premiers patients d’ici la fin de l’année”, précise-t-il, ajoutant que “lasmé-cel est un des rares CAR-T allogéniques au monde à passer en phase 2 et le premier CAR-T allogénique ciblant CD22 pour la LAL-B avec des données cliniques chez l’adulte”. Pour le dirigeant, la phase 2 s’annonce toute aussi prometteuse : “Nous avons défini une population cible à fort levier clinique : les patients éligibles à la transplantation, pour lesquels le fait d’obtenir une rémission complète et un statut MRD- permet la guérison par greffe”. Ce positionnement stratégique représente un marché initial estimé à 700 M$, extensible à 3,1 Md$ si l’on inclut d’autres indications hématologiques B-cell. Une manne, d’autant que “le segment des CAR-T allogéniques, qui sont des produits disponibles sur étagère, permet de dégager des marges très confortables, contrairement aux CAR-T autologues”, commente André Choulika.
AstraZeneca croit “dur comme fer” aux CAR-T allogéniques
Lors du R&D Day, AstraZeneca (AZ), grand partenaire de Cellectis depuis 2023, a rappelé sa confiance dans Cellectis. À ce stade, trois co-programmes ont été mis en place : une thérapie génique in vivo pour un trouble génétique et deux CAR-T allogéniques pour les hémopathies et les tumeurs solides, cette dernière indication étant la seule à ce jour à avoir publié des données précliniques. “AstraZeneca croit dur comme fer que les thérapies cellulaires et géniques en oncologie vont changer la médecine et est persuadé que ce sont les CAR-T allogéniques qui vont changer la donne, et non les CAR-T autologues, qui ne sont pas adaptés pour des raisons de market access, d’effets secondaires et de complications”, rapporte André Choulika. En outre, “AZ a clairement insisté sur sa volonté de développer un axe stratégique dans les maladies auto-immunes, et nous sommes ravis de pouvoir les accompagner dans cette direction”, ajoute-t-il, alors que le deal prévoit des financements de la part d’AZ pouvant aller jusqu’à 140 M$ — en plus des 80 M$ en actions et 25 M$ en cash injectés en initial — dans le but de financer jusqu’à dix programmes.
Deux autres programmes importants du pipeline de Cellectis sont développés en partenariat, cette fois-ci avec Allogene Therapeutics/Servier : ALLO501A (CD19) en première ligne pour le lymphome diffus à grandes cellules B, actuellement en phase pivotale, et ALLO316 pour le carcinome rénal. Tandis qu’en interne, un deuxième essai clinique, NatHaLi-01, qui évalue éti-cel dans le lymphome non hodgkinien à cellules B en rechute ou réfractaire, est en phase 1. Une mise à jour du programme est prévue à la fin de l’année.
Une maîtrise totale de la chaîne de production
Doté d’un portefeuille produit étendu, Cellectis bénéficie des retombées financières de sa stratégie partenariale : son CA a quasi doublé au S2 2025 (à 30,2 M$ contre 16 M$ au S2 2024). La trésorerie atteignait 230 M$ au 30 juin 2025 — de quoi tenir jusqu’au second semestre 2027. “Notre trésorerie est correcte, même si ce n’est jamais assez !”, commente André Choulika, qui entrevoit toutefois les prochains points d’étape rémunérateurs : “Nous allons sortir des datapoints clés en 2026 et en 2027 sur nos programmes ; Allogene développe des produits avec de très bons résultats, ce qui va nous permettre de recevoir des milestones dans un futur proche ; et nous recevons des demandes pour de nouveaux partenariats”, confie-t-il, rappelant que “la société est actuellement en arbitrage avec Servier”.
Les signaux sont donc repassés au vert pour Cellectis, qui a choisi de continuer à utiliser la technologie TALEN plutôt que CRISPR — “largement plus sûre et plus performante” — et qui a su se rendre complètement autonome en matière de production : “Nous avons décidé de tout internaliser dès 2018 et nous contrôlons l’ensemble de la chaîne de fabrication, sur deux sites : l’un, historique, à Paris, et l’autre à Raleigh (Caroline du Nord, USA), qui a été achevé en 2021”. La société maîtrise ainsi logistique et coûts. Un argument de poids pour Martial Descoutures, analyste financier chez Oddo Securities, qui a récemment initié la couverture du titre avec une recommandation “surperformance” et un objectif de 6,5 €. Ce jeudi soir, le cours a dépassé la barre des 4 € (+12,3 % à la clôture).
Exergue : “Nous avons décidé de tout internaliser dès 2018 et nous contrôlons l’ensemble de la chaîne de fabrication, sur nos deux sites : celui de Paris, historique, et celui de Raleigh, en Caroline du Nord, qui a été achevé en 2021.” — André Choulika, CEO de Cellectis



