(BiotechFinances n°979 du 14 mars 2022) La biotech réalise un tour de table auprès de proches des fondateurs et du CNRS pour mener en clinique un programme basé sur les exosomes messagers.
5 M€. C’est le montant que vient de collecter Ciloa, spin-off du CNRS. Grâce à cette somme, la biotech montpelliéraine compte mener jusqu’à la phase clinique sa plateforme utilisant des exosomes, des vésicules extracellulaires naturelles de la taille d’un virus. L’opération comprend une augmentation de capital de 3,5 M€, souscrite auprès de douze investisseurs historiques et de CNRS Innovation. « Il s’agit principalement de love money », détaille Robert Mamoun, ex-directeur de recherche de l’Inserm, directeur général et cofondateur de Ciloa. Le solde du financement (1,5M€) correspond à une subvention et avance remboursable accordée par Bpifrance pour développer un vaccin contre le variant Delta COVID-19.
En clair, le vaccin coronavirus, par les circuits-courts de validation qu’il permet, sert de cheval de Troie à Ciloa pour faire valider sa technologie, laquelle doit s’étendre ensuite à d’autres applications thérapeutiques. « Notre vaccin exosome contre la COVID-19 est le plus avancé pour valider toutes les autres applications. A la fin des phase précliniques, nous saurons que la techno est efficace et ne présente aucun problème de sécurité ou de toxicité », assure Robert Mamoun.
Série A de 20 M€ en vue
Une fois cette étape franchie, l’entreprise qui avait par le passé levé 700 K€ en capital et bénéficié d’1,2 M€ de subvention de la Région Occitanie, notamment pour la création d’une salle blanche, se mettra en recherche de financements pour une série A de l’ordre de 20M€. « Outre la COVID-19, notre objectif est, sur le plan préventif, de cibler les virus à enveloppe tels que le chikungunya, Zika, ou encore le VIH. L’intérêt des exosomes, c’est qu’ils sont utilisés par tous les organismes vivants pour transmettre de l’information complexe entre différents organes. Nous voulons donc l’utiliser comme un véhicule. De la même façon qu’un colis a une adresse sur l’enveloppe et un contenu, notre objectif est d’inscrire une adresse cible à la surface de l’exosome et de modifier la protéine à l’intérieur pour apporter une réponse thérapeutique aux cibles infectées », schématise le chercheur-entrepreneur.
Et au-delà de la prévention vaccinale, Ciloa compte valider l’usage de sa technologie à des fins thérapeutiques pour des maladies chroniques cardiovasculaire, neurologiques, rhumatismales, endocrinologiques ou cancéreuses. « L’exosome doit dans certaines de ces applications servir de vecteur naturel pour régénérer des organes. Puisque ce sont des vésicules présentes dans la nature, il s’agit réellement d’une application par biomimétisme », argumente Robert Mamoun.
Primée par Sanofi
L’an dernier, Ciloa a été sélectionnée par Sanofi dans le cadre de son programme de recherche « i-Tech Awards » qui embarque, avec la big pharma, des entreprises en quête de nouveaux vecteurs thérapeutiques pour cibler des tumeurs cancéreuses. « Un award, c’est bien mais ce n’est certainement pas une fin en soi. Nous devons transformer l’essai », conclut le dirigeant.
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