Les biotechnologies US sont-elles entrées dans une phase de crise ? Et si oui, quel type de crise ? Financière, économique ou de confiance ? Un peu des trois, mon Général ! Il y a, seulement quelques semaines, Richard Murphey de Bay Bridge Bio nous interpelait dans son blog sur le fait qu’une grande majorité des investisseurs, qui avaient financé l’une des séquences les plus longues et les plus intenses d’IPO en biotechnologie, semblaient, l’épidémie de COVID se ralentissant, se désengager. Leur allocation dans les dossiers les plus risqués, les plus précoces a été réduite de moitié, sachant qu’elle avait été, auparavant multiplié par 3 entre le T3-2019 et le T4 2020. Un déclin vu aussi chez les venture capitalists US dont les investissements ont décru de près de 61% entre mars 2021 et mars 2022. Ainsi donc, ce désamour ne touche pas seulement les investisseurs en recherche d’une bonne aubaine, mais aussi les professionnels du secteur. L’environnement économique n’est certainement pas favorable avec une hausse potentielle des taux d’intérêts qui serait de mauvais augure pour le secteur. La bourse ne s’y est pas trompée, puisque depuis 2021, les indices biotech ont décrochés ave un peu d’anticipation que ce soit le « S&P 500 » Select Biotechnology (XBI -20%) ou le Nasdaq Biotech (IBB -18,7% pour 2021 et -19% pour le début de 2022). Et la confiance construite sur la crise sanitaire et les vaccins à RNA s’est étiolée avant de s’éloigner, puisque l’on ne compte plus les sociétés en phase de licenciement actif. Signe des temps, le site Fierce Pharma et ses différentes déclinaisons comptabilisent au jour le jour les sociétés qui licencient. Cette situation exceptionnelle à plus d’un titre n’a pas permis de construire un véritable momentum pour le secteur. Quelques sociétés seulement auront tirés leur épingle du jeu, celles travaillant sur l’ARN, les sociétés de diagnostics et bien entendu l’industrie pharmaceutique. La période d’euphorie avec son nombre impressionnant d’IPO aura eu un effet négatif sur l’ensemble du secteur, conduisant au marché des sociétés avec des produits en phases prématurées de développement et aux financements tout aussi précoces. Ce n’est certainement par hasard si tant de projets et de sociétés doivent conduire des plans de licenciement, dont certains consécutifs à des résultats et des évaluations cliniques décevants. Pour d’autres dosssiers, nous sommes face à une simple correction, sorte de point final naturel à un boom sans précédent d’environ une dizaine d’années, qui a vu le secteur croitre sans arrêt pour atteindre des valorisations rédhibitoires pour les opérations de M&A qui habituellement purgent le secteur : encore un élément de l’écosystème qui a évolué. Au final, la correction que nous voyons, le recul et le changement d’appréciation de la pandémie devraient conduire à une reprise des deals (affaiblissement des valorisation, besoins de compléter les pipelines de l’industrie…). Faut-il se plaindre de cet effet dynamique ?
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