La start-up strasbourgeoise, qui étoffe son portefeuille d’immunothérapies RCPGs, dispose aujourd’hui d’une trésorerie suffisante pour mener deux nouveaux composés jusqu’à la phase 1 avant la mi-2025. Parallèlement, elle pourrait faire entrer de nouveaux investisseurs.
Appréhender la lutte contre les cellules cancéreuses sous un angle différent. Telle est l’approche choisie par Domain Therapeutics, qui mène aujourd’hui en propre cinq programmes d’immuno-oncologie ciblant les récepteurs couplés aux protéines G (RCPGs, voir encadré). Les besoins médicaux sont cruciaux : environ 80% des patients ne répondent pas aux immunothérapies actuelles (DP-1 et DPL-1). « Notre avantage compétitif réside dans nos 20 ans d’expérience et dans la compréhension approfondie de la pharmacologie des RCPGs. Nous sommes la seule société exclusivement focalisée sur ces récepteurs en immuno-oncologie, avec un pipeline Best-in-class et First-in-class », met en avant Pascal Neuville, DG et co-fondateur de la société.
Déjà, deux nouveaux candidats médicaments sont entrés en pré-clinique en juin 2023. Il s’agit du DT-7012 un anticorps anti-CCR8 dont la phase 1 devrait démarrer mi-2025 et du DT-9045, un modulateur allostérique négatif (NAM) du récepteur 2 activé par la protéase (PAR2). « Notre collaboration avec l’allemand Merck s’est également avérée productive. Elle a débouché sur la mise au point du M1069, un antagoniste des récepteurs sous-types A2aR/A2bR, actuellement en phase 1a », se félicite Stephan Schann, Vice-Président de la Recherche.
Le pipeline de Domain Therapeutics peut encore compter sur le DT-9081 en phase 1 depuis fin 2022. C’est un inhibiteur du récepteur EP4 sur les cellules immunitaires qui inverse l’immuno-suppression médiée par la prostaglandine E2, produite par certaines tumeurs pour contourner le système immunitaire. Il est développé en phase 1 dans les cancers solides et devrait être étudié en phase 2 dans le sarcome et le cancer du sein y compris triple négatif. Les deux programmes suivants du pipeline sont encore en phase de discovery. À l’avenir, des développements cliniques sont également envisagés en combinaison avec des traitements d’immunothérapies existants (DP-1 et DP-L1 notamment) pour augmenter la réponse immunitaire des patients. Parallèlement, cette biotech au stade clinique mène un programme de recherche de biomarqueurs, pour répondre aux besoins spécifiques des patients, selon les signatures uniques de leurs cancers.
Faire entrer de nouveaux investisseurs
Forte de 100 collaborateurs dont 10 au Canada, Domain a beaucoup recruté l’an dernier sur ses trois sites (deux à Strasbourg et un à Montréal) pour accompagner son déploiement. Elle a levé l’an dernier 39 M€ (Biotech Finances du 13 mai 2022), auprès de 10 fonds, dont 9 nouveaux : un pool mené par Panacea Venture, le canadien CTI Life Sciences et 3B Future Health Fund ainsi qu’adMare BioInnovations, Schroder Adveq, Omnes Capital, Turenne Capital, Theodorus, Viva BioInnovator et Seventure Partners, investisseur historique. Outre cette série A, elle a engrangé quelque 70 M€ issus des collaborations de recherche nouées avec des laboratoires pharmaceutiques (outre Merck, il s’agit d’Ono, Pfizer et de Boehringer Ingelheim). Elle dispose aujourd’hui de suffisamment de trésorerie pour mener jusqu’en phase 1 deux nouveaux traitements avant la mi-2025. Elle envisage dans un prochain temps de procéder à une série B pour poursuivre son développement clinique et accueillir de nouveaux investisseurs.
Christine Colmont
De nouvelles voies en immunothÉrapie encore inexploitÉes
Les RCPGs (récepteurs couplés aux protéines G) jouent un rôle clé dans l’immunosuppression en oncologie. Certaines tumeurs développent des stratégies pour empêcher le système immunitaire de reconnaître les cellules cancéreuses et de les tuer. Les RCPGs, situés à la surface des cellules, détectent les changements de l’environnement et permettent aux cellules immunitaires de réagir face au cancer. Ces protéines-récepteurs forment la première ligne de modulation physiologique et sont une source de cibles thérapeutiques encore peu exploitées en immuno-oncologie. Et pourtant, leur potentiel reste encore inexploité. Pour l’heure, les cibles thérapeutiques basées sur les RCPGs représenteraient seulement 27% des médicaments commercialisés (en cardiovasculaire, métabolisme, système nerveux central). 17% de nouvelles cibles sont en essais cliniques et 56% ne sont pas identifiées, ce qui ouvre un champ élevé des possibles.
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