Pionnière de l’édition génétique Eligo Bioscience conclut un nouveau tour de financement de 30 M$ en vue de lancer les essais cliniques de sa thérapie génique contre l’acné.
Après une première levée de fonds de 20 M$ en 2017, la biotech parisienne Eligo Bioscience (30 collaborateurs) annonce, une série B de 30 M$ avec Sanofi Ventures, Bpi France (InnoBio 2), ainsi que ses actionnaires historiques, Khosla Ventures et Seventure Partners.
Ce financement doit permettre à la société d’accélérer le développement de son programme phare : EB005, qui cible l’acné modérée à sévère.
« Nous allons réaliser nos essais cliniques de phase 1b/2a, en vue d’obtenir les premiers signaux d’efficacité de notre technologie sur les patients,” précise le Pdg et co-fondateur d’Eligo Bioscience, Xavier Duportet. “Nous finissons actuellement nos activités précliniques avec nos différents partenaires en Europe, puis devrions déposer notre demande d’IND aux Etats-Unis, au Q1 2025, avant d’y débuter nos essais cliniques pour une durée d’environ 6 mois. »
Corriger les gènes du microbiome
Ce premier candidat-médicament est une thérapie génique de nouvelle génération basée sur la technologie Crispr qui leur permet de corriger les gènes défectueux du microbiome. « On retrouve chez les patients acnéiques une surreprésentation d’une sous-population d’une espèce bactérienne naturellement présente dans notre microbiome – C Acnès – qui sécrète des molécules inflammatoires dans le follicule pileux,” explique le dirigeant. “Sous la forme d’un gel, notre approche permet, grâce à un vecteur, de délivrer Crispr directement dans ces bactéries, puis de cibler les gènes à l’origine de la synthèse de ces inflammations et de les détruire, tout en tuant les bactéries qui les portent. »
20 millions de patients aux US
L’acné modéré à sévère est une maladie inflammatoire chronique qui touche 3% de la population mondiale. « Cette pathologie touche environ 20 millions de patients aux Etats-Unis, avec un besoin médical très important car, actuellement, près de la moitié des patients seulement se traitent, faute de traitement efficace ou en raison de leurs effets secondaires,” pointe Xavier Duportet. “Au niveau mondial, ce marché est évalué entre 10 et 15 Md$ ! ». Le principal traitement aujourd’hui préconisé contre les formes sérieuses de l’acné, le Roaccutane, est non seulement tératogène, mais il entraîne de nombreux effets secondaires allant de l’irritation de la peau, à des fatigues chroniques, des douleurs aux articulations ou dans les muscles, ou encore des chutes de cheveux.
En attendant d’obtenir la preuve de concept de sa nouvelle technologie, Eligo Bioscience compte développer en parallèle son portefeuille de médicaments de précision dans d’autres indications, en particulier dans les domaines de l’immuno-inflammation, de l’oncologie et des maladies infectieuses, causées ou aggravées par l’expression de gènes bactériens délétères.
« Notre technologie permet de délivrer des outils comme Crisp ou des éditeurs de base afin de modifier, ajouter ou détruire des séquences d’ADN dans le microbiome humain qui se retrouve partout, notamment dans les tumeurs,” illustre Xavier Duportet. “L’un de nos prochains développements devra ainsi permettre de cibler ces bactéries dans les tumeurs. »
Pierre Havez
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