Cette affaire a fait l’adhésion par-delà les clivages. En effet, le ban et l’arrière-ban de la classe politique de la droite à la gauche et même les extrêmes, dans une sorte d’unanimité, s’en sont apitoyés. La fermeture annoncée de l’usine Nøøvistago à Amiens, consécutivement à la demande de redressement judiciaire de l’entreprise Metabolic Eplorer, mettait à nouveau la capitale picarde sous tension après les conflits autour de Goodyear et Valéo. Une localisation qui pouvait expliquer le consensus et que l’ensemble de la classe politique ait choisi de parler de cette situation, à défaut de se mobiliser réellement. Il faut aussi dire à la décharge de celle-ci que le timing n’était pas idéal, un mois avant les élections européennes. Rendez-vous compte ! Cependant, faisant fi de ces aléas, nos valeureux politiques se sont emparés du problème avec, selon leur coloration, plus ou moins d’arrières pensées électoralistes. Si l’on s’en tient à la neutralité, il reste que nous sommes encore face à la nouvelle détresse d’un site industriel et d’une entreprise, qui est l’un des fleurons de la biotechnologie industrielle, un secteur dans lequel nous aurions pu et dû prendre de l’avance. Car si le site d’Amiens et sa production de lysine sont aujourd’hui probablement sauvés, par le groupe agroalimentaire Avril, connu pour posséder Puget et Lesieur, des interrogations demeurent pour le site historique de la R&D de MetEx à Saint-Beauzire en Auvergne et aussi pour l’autre site industriel de chimie verte de MetEx, Nøøvista à Carling Saint Avold. Nous ne pouvons, bien sûr, que saluer l’engagement d’Avril avec le fonds SPI de Bpi France dans cette sauvegarde d’un outil industriel et d’un peu plus de 300 emplois dans une région où le tribut à la désindustrialisation est toujours important. Cependant, il y a une certaine ironie à voir que c’est l’ex-usine Ajinomoto de production de lysine par fermentation, entrée dans le périmètre de MetEx afin de générer des liquidités permettant de poursuivre les efforts de R&D, qui est reprise en premier. Et in fine, nous pourrions aussi nourrir une certaine amertume à propos du démantèlement de cette extraordinaire aventure scientifique, technologique, industrielle en un mot, entrepreneuriale que fut Metabolic Explorer pour le développement des nouvelles approches de chimie biologique pour la production de biens intermédiaires. Il y a encore beaucoup à faire pour assurer la pérennité de la bioproduction dans notre pays.
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