Depuis plusieurs années, les initiatives nationales et régionales ont dynamisé la valorisation de la recherche et favorisé la croissance de l’écosystème des biomédicaments en France. Le nombre de biotech et de sociétés innovantes a doublé en dix ans, atteignant plus de 1 000 entreprises en 2024, malgré un ralentissement mondial du développement de candidats-médicaments dû aux difficultés de financement.
Ce dynamisme masque cependant une problématique majeure : l’insuffisance des financements privés. Si le nombre de levées de fonds reste stable, il ne suit pas la croissance du secteur, rendant l’accès aux financements plus compétitif. Toutefois, la multiplication des acteurs entraîne un goulot d’étranglement financier, compliquant le financement des start-ups en amorçage et des entreprises en développement (séries A, B et C). L’arrêt prévu de certains dispositifs publics en 2025, comme l’appel à projet Innovation Biothérapie et Bioproduction, accentue l’urgence d’un relais par les financements privés.
Données Mabdesign 2024
Dans ce contexte, le programme « France 2030 » favorise l’émergence de cinq Bioclusters spécialisés (oncologie, immunologie, neurosciences, thérapies géniques et infectiologie), renforçant la structuration du secteur. Cependant, le succès de ces initiatives dépendra d’une mobilisation accrue des investisseurs pour soutenir des innovations de rupture sur le long terme.
Le financement des biotech non cotées, pharma et sociétés de service reste stable depuis 10 ans, avec une bulle durant la Covid. Cependant, la forte croissance du nombre de nouvelles entreprises (+94%) rend l’accès aux fonds privés plus compétitif. Parallèlement, le ticket moyen des levées a doublé sur la même période en raison des coûts élevés des biomédicaments, nécessitant des financements accrus. Cette tension financière complique le développement des entreprises et renforce la concurrence pour les capitaux.
Données Mabdesign 2024
L’année 2025 s’annonce déterminante pour la filière. Les biotech doivent optimiser leur structuration pour maximiser leurs chances d’attirer des financements, en intégrant les dernières avancées scientifiques et technologiques (IA, tech-bio). De leur côté, les investisseurs doivent renforcer les fonds spécialisés dès l’amorçage et soutenir les projets risqués mais prometteurs. L’enjeu est de créer un environnement où entreprises et financeurs se comprennent mieux, garantissant ainsi la compétitivité de la filière et l’accès des patients à des biomédicaments innovants.
Dans cette optique, une coopération accrue entre fonds privés, investisseurs institutionnels et pouvoirs publics est essentielle. Des groupes de travail et autres instances gouvernementales cherchent à lever les obstacles financiers et à proposer des solutions adaptées. 2025 sera une année clés pour consolider l’écosystème français et assurer son rayonnement à l’international.
Nicolas GROUX
Directeur Général / CEO chez MabDesign
nicolas.groux@mabdesign.fr