(BIOTECHFINANCES N°986 Lundi 9 mai 2022) C’est un besoin fondamental pour les patients mais la complexité de la commercialisation questionne encore tout un chacun (lire encadré) !
MITEM Pharma qui opérait en mode quasi furtif jusqu’à présent a levé 10 M€ auprès du fonds Techlife Capital, un montant qui pourrait aller jusqu’à 30 M€. L’objectif de la société qui tire son acronyme du champ des Médicaments d’Intérêts Thérapeutiques Majeurs est de pallier les défaillances de mise à disposition de produits thérapeutiques connus mais tombés en déshérence ou abandonnés par les groupes pharmaceutiques de toutes tailles, faute de profitabilité et qui pourtant restent essentiels pour des maladies sévères. L’enjeu des souverainetés n’est pas absent des préoccupations des dirigeants. Les aires thérapeutiques privilégiées vont de l’endocrinologie, à la cardiologie en passant par le système nerveux central. « Nous sommes là pour éviter des ruptures comme celle que l’on a pu connaître, par exemple, avec la democycline. Notre objectif est de remettre sur le marché et de redynamiser des produits négligés qui pourtant apportent des solutions aux patients, » souligne Claude-Alain Cudennec, co-fondateur et président de Mitem Pharma. « Les circonstances des défaillances sont multiples. Les volumes trop faibles, des prix qui, pour diverses raisons y compris structurelles, sont tombés en dessous des ratios tolérés par les industriels. Tout cela fait qu’un jour, un financier va regarder les lignes médicament par médicament et opérer un write off qui, à l’autre bout de la chaîne, fait disparaitre tout simplement les produits de l’étagère des pharmaciens hospitaliers ».
Consolidation et acquisitions ciblées
MITEM mène une veille tous azimuts pour identifier les produits qui entrent dans son champ stratégique soit directement auprès des associations de patients soit en surveillant scrupuleusement les médicaments qui expriment des fragilités sur les bases de données spécialisées puis les reprend à son compte pour organiser leur redéploiement avec ses propres expertises en interne et en externe. « Nous disposons à ce jour d’un portefeuille de 5 AMM et bientôt six, de médicaments commercialisés en France ou à l’international, » note Claude-Alain Cudennec. « Bien sûr, les chiffres d’affaires générés par chacun d’entre-eux ne sont pas aussi importants que ceux observés par ailleurs mais néanmoins ils sont profitables. » Avec ses 10 millions de trésorerie, MITEM qui réalise un chiffre d’affaires de 5 M€ à deux axes en vue : la consolidation de son portefeuille avec des acquisitions ciblées et la promotion des produits existants pour fluidifier et accélérer l’accès des patients à l’offre et la consolidation de son portefeuille. « Nous devons faire connaître nos solutions auprès des prescripteurs, » reprend Claude-Alain Cudennec. « Parfois sur nos indications de niche, certains ont fini par oublier la notion même de recours à ces produits pourtant sûrs et dont le profil de bénéfice risque et d’efficacité n’a jamais été altéré. » Une mission pour laquelle la patience est reine.
Échanger avec les prescripteurs
Une préoccupation pour Claude-Alain Cudennec
(BIOTECHFINANCES N°986 Lundi 9 mai 2022) Trouver des solutions nouvelles, contrôlées et régulées, pour échanger avec les prescripteurs hospitaliers, une question majeure pour Claude-Alain Cudennec.
« Bien que notre offre renouvelée porte sur des produit existants et mâtures, le contact et la communication avec ces experts n’est pas fluide. Nous sommes obligés de faire du démarchage Or, cette approche est fréquemment assimilée à de la visite médicale – ce qui n’est pas exactement notre cas – et ce type de prospection ou de promotion est bannie en raison des abus réels qui ont été opérés par le passé. Résultat : les prescripteurs sont coupés des informations que nous pourrions leur apporter et les barrages nombreux. Cette difficulté de commercialisation est persistante et c’est un problème général en France qui touche toutes les sociétés en phase commerciale excepté peut-être celles qui peuvent intervenir de manière soutenue dans les congrès internationaux et auprès des sociétés savantes. Nous devons réinventer un « média » de confiance pour renouer des liens sûrs et au bénéfice réel des patients. »
S'abonner gratuitement au 15h Biotech Express :