La biotech en phase clinique vient de publier des résultats prometteurs concernant son traitement contre le lymphome non-hodgkinien indolent, notamment en monothérapie.
Ce sont des résultats prometteurs qui sont présentés par Enterome lors du congrès annuel de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology) ce lundi 3 juin 2024. Ils concernent cette fois-ci les données cliniques et d’immuno-surveillance actualisées de l’essai “SIDNEY” (EOHNL1-20) évaluant la sécurité, la tolérance, l’immunogénicité et l’efficacité préliminaire de son immunothérapie EO2463 dans le lymphome non-hodgkinien indolent (iNHL), soit environ 40% des 80 000 nouveaux cas de lymphome non-hodgkinien diagnostiqués chaque année rien qu’aux Etats-Unis.
Dans le cadre de cet essai, neuf patients atteints de lymphome folliculaire (FL) et de lymphome de la zone marginale (MZL) constituant la première cohorte ont reçu le produit une fois toutes les 2 semaines pour un total de 4 doses, suivi d’une dose toutes les 4 semaines pour un maximum de 15 doses. Après 6 semaines de monothérapie, le standard de soin était ajouté, soit le lénalidomide (Revlimid de Bristol Myers Squibb) dans un premier temps puis le rituximab (Rituxan de Biogen/Roche) à la semaine 19.
Une rémission dans 78% des cas
Il ressort tout d’abord de l’étude “que le profil de sécurité d’EO2463 apparaît très sûr par rapport au standard de soins actuel”, expose Pierre Bélichard, PDG d’Enterome. De plus, “EO2463 entraîne l’expansion massive de lymphocytes T mémoire reconnaissant les peptides OncoMimics et, par réaction croisée, les antigènes des cellules B tumorales correspondants, provoquant une réponse cytotoxique rapide, robuste et maintenue jusqu’à 94 semaines”, ajoute-t-il. Tandis que le taux de réponse complète observé avec la thérapie combinée atteint 78% (7 patients sur 9) à 19 semaines, “ce qui suscite beaucoup d’espoir, lorsqu’on considère qu’il s’agissait de patients déjà lourdement prétraités et réfractaires à ces traitements ou en récidive”.
Surtout, là où EO2463 apporte une plus-value remarquable, c’est son efficacité clinique en monothérapie, et ce en quelques semaines d’administration seulement. “Dès six semaines de traitement, une amélioration clinique, soit une réduction de la taille et/ou de l’activité métabolique des tumeurs lymphatiques, était déjà apparente chez 4 de ces 9 patients qui étaient en situation de récidive”, précise le dirigeant.
Les espoirs d’EO2463 en monothérapie
C’est donc “la première fois” qu’un produit, “qui n’a pas d’effets secondaires majeurs”, montre une efficacité en monothérapie dans l’iNHL. Les efforts d’Enterome se focalisent désormais sur ce point, et sur la capacité du traitement à aider des patients aux stades précoces du lymphome. Il s’agit-là de répondre à un véritable vide thérapeutique : aujourd’hui, une proportion importante des malades qui découvrent qu’ils ont un cancer du sang se voient cantonnés à une simple “surveillance active” (Watch and Wait), malgré le caractère incurable de la maladie. Autrement dit, ils ne reçoivent aucun traitement pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, puisqu’il n’en existe aucun de suffisamment sûr et efficace. “C’est évidemment angoissant pour les patients, mais cela représente également un coût pour la collectivité étant donné la récurrence de nombreux examens”, note le PDG de la biotech basée à Paris.
Dans le cadre de son essai clinique en cours, Enterome teste ainsi EO2463 cette fois exclusivement en monothérapie, sur “une deuxième cohorte de 25 patients, qui en sont au début de la maladie, et qui sont naïfs de tout traitement”, détaille Pierre Bélichard, qui prévoit de publier des résultats initiaux de cette cohorte en monothérapie “d’ici la fin de l’année 2024”.
Une étude randomisée en ligne de mire
Enterome prévoit ensuite de lancer une étude pivot dans le courant de l’année 2025 et entend renforcer ses ressources financières au travers d’une nouvelle levée de fonds. En novembre 2023, la biotech a déjà reçu le soutien de la Leukemia & Lymphoma Society (LLS). “Outre un investissement de 3 millions d’euros, la LLS apporte un soutien précieux notamment dans le recrutement“.
Depuis sa création en 2012, la biotech a déjà levé 118 M€, et récolté 100 M€ à la faveur de partenariats. “Nous sommes en discussions avec différents investisseurs, notamment américains, qui apprécient la possibilité d’adresser la maladie au plus tôt”, précise Pierre Bélichard. Et de rappeler que la plateforme d’Enterome, exploitant le mimétisme moléculaire (mimicry) entre antigènes bactériens et antigènes de cellules tumorales, pathogènes ou anormales, est “capable d’analyser et de découvrir de nouvelles informations biologiques parmi la plus grosse base de données au monde de protéines bactériennes intestinales”. Et donc, de décliner ses possibilités sur des maladies auto-immunes, parasitaires, ou encore la sénescence…
Marine Rabreau
Sources :
Nombre de formes indolentes du NHL https://www.lls.org/lymphoma/non-hodgkin-lymphoma/nhl-subtypes
Proportion des traitements contre le cancer du sang soutenus par la LLS : https://tlls.org/lls-funded-research
Intérêt de la déplétion des lymphocytes B pour traiter différents troubles auto-immuns : https://www.nature.com/articles/s41573-020-00092-2 (mécanisme)
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38381673/ (démonstration clinique, ici via des CAR-T anti-CD19)
Quid des autres produits dÉveloppÉs par Enterome ?
Si Enterome se concentre sur EO2463, un autre produit, un vaccin thérapeutique baptisé EO2401, toujours dans l’oncologie, mais cette fois-ci ciblé sur le glioblastome, est très avancé. ”Nous avons bouclé avec succès un essai clinique de phase 2 avec une centaine de patients. Nous cherchons désormais un partenaire pharmaceutique pour réaliser la phase pivotale et préparer la mise sur le marché”, explique Pierre Bélichard. Quant à EO4010, ce nouveau candidat a débuté une phase 1/2 dans le cancer colorectal métastatique.
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