(BiotechFinances n°994 lundi 18 juillet 2022) Il y a 27 ans, en 1995, Oncodesign faisait son entrée dans le paysage pharmaceutique et biotechnologique français, devenant rapidement une sorte de passage obligatoire pour tous ceux qui souhaitaient développer et tester de petites molécules chimiques ou des grosses molécules biologiques dans le cancer. Après de multiples transformations organisationnelles et une aventure boursière, Oncodesign a annoncé la scission du groupe en deux entités : Oncodesign Services (ODS) et Oncodesign Precision Medecine (OPM). ODS, qui intègre majoritairement l’activité Services ou CRO, passerait sous contrôle du fonds Edmond de Rothschild Equity, avant de quitter la cote, tandis que OPM poursuivait son chemin sur Euronext. En soi cette nouvelle nous laisse avec des sentiments mitigés. Certainement très heureux pour les équipes d’Oncodesign qui est valorisée dans cette opération, 100 M€, soit 3,33x le dernier CA de l’activité CRO-Services, des métriques pas très éloignés de ceux de la profession (cf. Objective Capital Partners, Q3 2020). Ce qui en fait une belle opération financière. Toutefois, il peut nous rester une légère amertume, de ne jamais savoir si Oncodesign était en capacité d’atteindre son objectif de 50 M€ de CA. Sommes-nous passé à côté d’un « Evotec » à la française ? Par ailleurs, se pose la question de l’appétence extraordinaire du Private Equity pour les CRO, les faisant se précipiter sur les opportunités dans le secteur et les poussant même parfois à s’entredéchirer (rachat de PRA). Plusieurs explications sont possibles. Le secteur des CRO est constamment en phase de consolidation avec de nombreuses opportunités de build-up (le build-up étant le quotidien des fonds de PE). En face, l’industrie pharmaceutique et bientôt la biopharmacie, qui sont dans la logique du one-stop-shop (un acteur proposant le plus de services possibles pouvant déboucher sur un contrat unique et pluriannuel), sont l’autre force motrice de cette course à la taille. Un autre argument pourrait être que le marché des CRO représente une exposition à la santé et à sa R&D dans un cadre infiniment moins risqué que celui des biotechnologies ou encore des laboratoires pharmaceutiques. En effet, une plateforme de services aux revenus récurrents apparaîtra toujours plus attractive qu’une activité de découvertes soumise aux aléas non seulement économiques mais aussi technologiques et humains. D’ailleurs dans le deal proposé par Elyan Partners, il ne semble pas y avoir de prise de participation de leur part dans OPM, outil de développement de molécules propriétaires dont la rémunération ultime, en cas d’alignement des planètes, devrait être bien supérieur à toutes les activités de services.
S'abonner gratuitement au 15h Biotech Express :