C’est la série de 23 M€ bouclée cette semaine par Savana. Basée à Madrid, l’entreprise utilise l’intelligence artificielle pour collecter et analyser les données cliniques des hôpitaux du monde entier afin d’optimiser la recherche médicale. Le tour de table est donc international et comprend trois nouveaux investisseurs : Conexo Ventures, Knuru Capital et Aldea Ventures. Ils rejoignent les actionnaires existants, Seaya Ventures et Cathay Innovation qui participent aussi à l’opération. « C’est notre troisième tour après avoir effectué une série A et B. Tout cumulé, nous avons levé environ 40 M€ », commente Jorge Tello, dirigeant et co-fondateur de Savana aux côtés d’Ignacio Medrano, directeur marketing et d’Alberto Gimenez.
La moitié des Big pharma déjà clientes
Créée en 2014, l’entreprise a développé une double technologie. Le Savana Data Gatherer extrait d’abord les informations des différents hôpitaux. « Peu importe quel système les sites utilisent, le logiciel les prend tous en considération et récupère les données dans plusieurs pays et langues. Ensuite, les informations sont conservées, harmonisées et anonymisées au sein d’une seule et même base de données », explique Jorge Tello. C’est la seconde étape technologique qui se concentre sur la partie « natural language processing » et se charge de structurer du texte libre et des informations non ordonnées. Au final, cela donne une base de données « utilisée par 200 hôpitaux et 22 des 50 plus grandes entreprises pharmaceutiques mondiales », déclare le dirigeant. En Europe, Savana est présente en Espagne, Suisse, Belgique, Autriche, au Royaume-Uni et en France.
Son business model avec les hôpitaux en fait à la fois des partenaires et des clients. « La capacité d’extraire les informations est ce que nous offrons aux hôpitaux qui deviennent nos partenaires dans ce partage de données » indique le Pdg. S’ils désirent ensuite utiliser la technologie licenciée, Savana la leur fournit sous la forme d’un abonnement SaaS mais cela reste une activité minoritaire. En fait l’essentiel du business se réalise avec les pharmas et quelques CRO. « Une fois les bases de données créées, si quelqu’un veut collaborer avec ce réseau fédéré d’hôpitaux que nous accompagnons, ils doivent promouvoir une étude ou un registre. C’est de cette façon que des parties externes peuvent y avoir accès » précise-t-il
Base de données cliniques et moléculaires
Les fonds levés dans cette série B+, vont servir à enrôler davantage d’hôpitaux dans le réseau. « Bien qu’il n’ait pas besoin d’atteindre une taille démesurée, il doit encore grandir un peu. Nous souhaitons inclure d’autres centres de recherche réputés, et intégrer de nouveaux pays cibles », confie Jorge Tello. Par ailleurs, Savana qui a travaillé jusqu’ici avec des données cliniques issues de dossiers médicaux souhaite ajouter les données moléculaires (omiques), « Cela va nous permettre de passer de la phase 4 d’accès au marché à la découverte de nouveaux médicaments et l’identification de biomarqueurs. Nous allons mettre en place ces nouvelles stratégie avec nos 22 clients pharmas ».
VIVA ESPAÑA (Jorge Tello, Ignacio Medrano, Alberto Gimenez)
« Dans la course à la digitalisation et à l’IA dans la santé, l’Espagne n’était pas la première. Nous étions un peu en retard par rapport à d’autres pays comme le Royaume-Uni ou les pays de l’Est. Mais depuis quelques années, nous sommes en train de monter en puissance sur le sujet et le Machine Learning va devenir central dans la prise en charge des patients. La question de la confidentialité n’est pas claire. Cependant, il n’y a pas de doutes sur la façon dont les données doivent être traitées c’est-à-dire de manière confidentielle, alors que cela posait problème par le passé. Ce que l’on doit faire en Espagne, comme ce que font déjà la France et le Royaume-Uni, c’est de prendre en compte l’importance de l’écosystème start-up. Par manque de connaissances dans le secteur, nous avons toujours en tête que les Big Tech ou les entreprises de consulting majeures vont pouvoir s’en occuper, mais ce n’est pas vrai. Comme toujours, ce seront les start-up qui vont faire la différence sur ces sujets de niche. Ce type de technologies de pointe très spécifiques doit être développé par des start-up spécialisées et de haut niveau ».
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