(BiotechFinances n°973 lundi 31 janvier 2022) 20 M€, c’est le montant de la série A que vient d’annoncer SeqOne Genomics. Dans les segments très en vogue de l’IA et de la médecine personnalisée, certains tablaient sur une levée plus conséquente. Après un amorçage de 3 M€ en 2019, la société avance pourtant à grand pas, franchissant toutes les étapes que son président fondateur Nicolas Philippe s’est fixé au moment de la création en 2017. Pour cette série A, Sequone Genomics s’est même offert le luxe de choisir ses investisseurs parmi les nombreux prétendants. Ce sont finalement Omnes et Mérieux Equity Partners qui ont mené l’opération de financement rejoints par les actionnaires historiques, Elaia et IRDI Capital Investissement. Pour sa part, la SATT AxLR qui avait investi 600 k€ lors du tour d’amorçage, est sortie du capital.
Reconstruire le puzzle de mutations génétiques du patient
Mathématicien de formation et docteur en bioinformatique Nicolas Philippe, a vu très tôt le potentiel de séquencer l’ADN pour la médecine personnalisée. Aux côtés d’ingénieurs, chercheurs, biologistes, cliniciens… SeqOne a élaboré un logiciel d’IA et d’analyse génomique qui complète le séquenceur d’ADN. « A partir d’une simple prise de sang ou d’une biopsie, la plateforme peut reconstruire le puzzle de mutations génomiques du patient » explique-t-il. Une sélection est ensuite opérée par le logiciel pour ne retenir que les mutations les plus significatives médicalement. Ainsi formatées, elles sont prêtes pour l’interprétation du biologiste. L’ensemble des bases de données (data lake) qui permet cela est mis à jour et nourri en continu par des informations publiques et privées, auxquels s’ajoutent les avis d’experts (médecin prescripteur, clinicien, pathologiste…). « Les indications pour lesquelles l’analyse génomique est la plus utile aujourd’hui sont la prévention des cancers notamment du sein et de l’ovaire, la personnalisation des traitements de certains cancers dont celui du poumon, le diagnostic des maladies rares et le dépistage prénatal », indique Nicolas Philippe. « Notre objectif est de démocratiser l’analyse génomique dans tous les laboratoires pour qu’elle devienne aussi simple et accessible qu’un test sanguin », avoue-t-il.
Une série B d’ici 18-24 mois
Le modèle économique de SeqOne repose actuellement sur les revenus générés par la plateforme. Chaque acte est facturé au client, c’est-à-dire aux CHU, laboratoires privés ainsi qu’aux centres de lutte contre le cancer. L’essentiel de ces revenus sont réinvestis en R&D. L’entreprise travaille en ce moment sur deux lignes de produits. « Tout en respectant le cadre RGPD, nous avons structuré la data de façon intéressante », commente le dirigeant. Celles-ci pourraient à l’avenir être utiles aux pharmas et aux biotechs pour identifier les patients à inclure dans leurs essais cliniques. « Notre data lake pourrait aussi les aider dans la phase discovery de nouveaux traitements pour cibler certaines indications », ajoute-t-il.
En attendant, SeqOne va utiliser l’essentiel de la série A pour déployer sa plate-forme en Europe, dans les pays frontaliers de la France. L’entreprise se laisse 18-24 mois pour affiner sa stratégie dans le reste du monde. Concernant les Etats-Unis, une étude de marché est en cours pour mieux en évaluer les besoins et les enjeux. Cette nouvelle étape sera l’occasion d’une série B. Pour la suite, la pépite française espère suivre le même chemin que sa concurrente, Sophia Genetics. Introduite au Nasdaq l’été dernier, l’entreprise suisse vaut aujourd’hui 820 M$.
Les assises de la génétique humaine et médicale se tiennent cette année à Rennes, du 1er au 4 février. Les grands thèmes du moment portent sur les nouveaux mécanismes des maladies génétiques, la génétique et l’environnement, ainsi que sur l’impact de l’arrivée des omiques pour les personnes malades et la société. Une cinquantaine de grands acteurs mondiaux du secteur y participent, notamment Sophia Genetics et SeqOne Genomics.
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