A la croisée de la biologie, des données et de l’informatique, la médecine digitale, jusqu’à présent quasiment orpheline d’une importante plateforme d’investissement dédiée en Europe, peut désormais compter avec Sofinnova Partners. Ce game changer du capital risque européen dédié aux sciences de la vie vient de s’emparer du sujet et frappe un grand coup avec 3 investissements annoncés (1) : une série A de 12 M€ dans l’Allemande DeepC, une autre de 13,8 M€ dans la Française Kiro et un seed de 5 M$ dans la Britannique BioCortex. Les trois compagnies sont représentatives du secteur. DeepC déploie une plateforme d’IA de radiologie « deepcOS » grâce à laquelle les cliniciens peuvent facilement accéder à un écosystème de solutions d’IA de pointe approuvées par la réglementation pour plus de 35 indications cliniques. Kyro développe une plateforme d’IA permettant de valoriser les résultats des analyses de labos de biologie, un véritable outil d’aide à la décision pour les médecins qui rend aussi les résultats plus intelligibles pour les patients. Enfin, BioCortex utilise sa plateforme « techbio » pour modéliser les interactions complexes entre le microbiome, l’hôte et le traitement, aidant ainsi les cliniciens à personnaliser le traitement.
Aux environs de 250 M€

Le montant cible de la « stratégie » Médecine digitale n’est pas dévoilé et la période n’est pas forcément la plus propice pour convaincre les Limited Partners de s’engager. Mais la jauge finale de ce qui devrait être selon toute vraisemblance transformé potentiellement en un 6ème fonds pourrait se situer selon nos estimations aux environs de 200 M€ à 250 M€ * sachant que 150 M€ seraient déjà acquis. L’atout de Sofinnova Partners pour parvenir à ses fins, outre son track record, réside dans l’accord passé en mai 2022 avec Apollo. Pour mémoire le géant américain (513 Mds$ sous gestion) est entré en mai 2022 à hauteur de 20% au capital de Sofinnova (2,5 Mds€ sous gestion). Et, outre la prise de participation d’Apollo, l’accord comportait également une promesse d’injection de 1 Md€ dans les fonds actuels et surtout futurs du VC français dont potentiellement des véhicules dédiés à l’IA et aux TDx en santé. Antoine Papiernik, président et managing partners de Sofinnova ne cachait pas non plus que l’accord lui ouvrait les portes des LPs d’Apollo soit plus de 1 500 grands fonds souverains notamment asiatiques et autres puissants fonds de pension américains.
Conjuguer les effets de levier
A l’occasion du lancement de cette plateforme, Edward Kliphuis et Simon Turner partners chez Sofinnova partners ont été désignés pour prendre en main cette nouvelle « stratégie » d’investissement. Ils auront à charge de trouver 14 pépites à raison de 3 à 4 projets par an dont 70% en Europe et le solde à l’international. Par ailleurs, 10% des opérations cibleront des projets en amorçage et le solde en série A. Au-delà, l’intérêt de cette nouvelle stratégie réside aussi dans la courbe d’apprentissage et d’accélération entre 2 mondes du venture qui ne se fréquentent pas si couramment et pourront conjuguer leurs effets de levier à l’exemple du croisement des compétences d’Hoxton et de celles de Sofinnova venture concernant BioCortex. Des syndications qui auront pour terrain de jeu un marché qui devrait peser 100 milliards de dollars à l’horizon 2026, avec un rythme de croissance de plus de 40% par an.
Jacques-Bernard Taste
- : Lire en page 4 de ce n° 1023 : MÉDECINE DIGITALE EN ROUTE VERS L’HYPER-PERSONNALISÉ.







