La deeptech lilloise créée en 2018 vient de boucler une levée d’1,2 M€, qui va lui permettre de poursuivre le développement de sa thérapie STX-1. Celle-ci vise à lutter contre les effets délétères des cellules sénescentes chez les patients atteints de cancers, conséquence des traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie.
« Aujourd’hui, nous bouclons une petite levée car j’ai voulu faire les choses progressivement et de façon sécurisée. À partir du 1er juin, nous rentrons en road show pour un second tour de 5 M€ avec un closing fin 2024 », annonce le Docteur Thierry Mathieu, fondateur et CEO de StarkAge Therapeutics. Avec ses 1,2 M€ (émanant pour moitié de la BPI et pour moitié de business angels), l’équipe de StarkAge (8 personnes) ambitionne de poursuivre le développement de sa thérapie la plus avancée, STX-1.
« Tous les voyants sont au vert »
Cet anticorps associé à un ADC dirigé contre la cible DPP4 permettrait de cibler les cellules sénescentes qui apparaissent lors des traitements par radiothérapie ou chimiothérapie et qui ont des effets délétères (résistance au traitement, rechute, etc.). Cette thérapie s’inscrirait donc dans un second temps, après les traitements contre le cancer. « La cible DPP4 est présente sur les cellules sénescentes et les cellules cancéreuses. Nous avons testé notre anticorps breveté avec l’ADC et on peut non seulement détruire les cellules cancéreuses et les cellules cancéreuses sénescentes, mais aussi les cellules autour de la tumeur qui deviennent sénescentes à cause des traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie », ajoute le CEO qui souligne les résultats très encourageants des tests in vivo menés sur des souris avec un taux de « quasi 100% de survie ». « Tous les voyants sont au vert », s’enthousiasme-t-il. Si la thérapie s’avérait concluante, les bénéfices thérapeutiques seraient conséquents pour le patient : elle pourrait permettre de limiter très fortement le développement du cancer et les rechutes, ainsi que les effets secondaires liés aux traitements.
De nouvelles cibles à venir par la suite
Un partenariat avec le laboratoire du Professeur Myriam Gorospe (du National Institute of Health), spécialiste américaine dans le domaine de la sénescence cellulaire, va permettre à StarkAge Therapeutics de continuer son développement scientifique : « Il était important pour moi de m’entourer d’un partenaire de haut niveau académique », pointe le CEO. Les avancées doivent également permettre d’étendre STX-1 à d’autres maladies liées à l’âge. En effet, pour l’heure les cibles de cancers de STX-1 sont l’hépatocarcinome primitif ou secondaire, la prostate, le poumon, l’œsophage, le colon et la tyroïde. « Nous avons d’autres cibles dans notre pipeline, que nous sommes en train de valider mais pour l’instant nous nous concentrons sur le cancer. Dans un second temps, lorsque nous aurons montré l’impact de la destruction des cellules sénescentes dans les maladies cancéreuses, on pourra s’attacher à cibler les maladies neurodégénératives, cardiovasculaires, ostéo arthrosiques », ajoute le Docteur Thierry Mathieu.
Une seconde levée de 5 M€ dans la foulée
Pour l’heure, le CEO indique que sa deeptech est le seul acteur privé à être si avancé sur le sujet. Seul un laboratoire public américain a réalisé une preuve de concept. D’où sa volonté de lever des fonds rapidement pour avancer vers l’étape clinique. Les fonds vont permettre d’augmenter l’efficacité des anticorps de StarkAge et de débuter les études de toxicité. Ils serviront également pour faire avancer en parallèle leur second programme, STX-2. La seconde levée de 5 M€ devrait être mise à profit pour arriver jusqu’à la phase clinique, avec l’objectif de la débuter au 1er janvier 2027. Depuis ses débuts en 2018, StarkAge therapeutics – labellisée deeptech – a fonctionné grâce à un autofinancement d’environ 1 M€ ; en effet le CEO était l’un des cofondateurs du groupe de biologie médicale Labco, revendu en 2015 à Synlab pour 1,2 Md€. L’entreprise a également bénéficié de 400 000€ d’obligations convertibles du groupe Synlab et plusieurs accompagnements de la BPI : un financement initial de 300 000€ et une enveloppe de 2 M€ de subventions et crédits, dont 600 000€ ont été débloqués à l’occasion de cette levée.
Marie Albessard
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