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La société a réussi à passer du simple diagnostic à la prise en charge complète de l’apnée du sommeil à domicile. Alors qu’elle cartonne aux États-Unis, elle vise désormais le déploiement de son dispositif en Europe, à commencer par la France, pionnière en la matière.
Rendre les soins du sommeil accessibles à tous, simplement, et depuis la maison. C’est ce que propose Sunrise avec sa
“clinique digitale du sommeil” qui permet “de détecter, suivre et traiter les troubles du sommeil”. En premier lieu, l’apnée du sommeil, qui touche 1 milliard de terriens et qui est source de comorbidités majeures comme des troubles cardio-vasculaires, métaboliques ou mentaux, mais aussi l’hypertension, l’obésité ou encore la dépression…
177 millions de patients aux États-Unis
Après avoir obtenu une certification CE et FDA en 2019 et 2022 pour son capteur basé sur l’analyse des mouvements mandibulaires – un patch de 8 grammes doté d’une IA que l’on place soi-même sur le menton -, Sunrise a développé sur le sol américain une solution logicielle, baptisée Dream Health, qui rassemble spécialistes du sommeil, cliniciens, ingénieurs et chercheurs. “À peine arrivés aux US, où il n’y a qu’un seul médecin du sommeil pour 43 000 habitants, nous avons eu l’opportunité de reprendre des actifs d’une petite clinique digitale française basée en Californie au bord de la faillite. Depuis, notre croissance n’a cessé d’accélérer”, raconte Laurent Martinot, qui a cofondé Sunrise avec son frère Pierre en 2015 sur la base des recherches scientifiques menées par leur propre père, médecin du sommeil. La plateforme est désormais opérationnelle “dans les 50 États américains, et s’appuie sur des partenariats avec les assureurs, qui couvrent à ce jour 177 millions de patients, et sur un réseau qui représente déjà plus de 500 prescripteurs”, revendique le CEO.
Diagnostic et traitement en 15 jours
Face aux acteurs traditionnels du diagnostic et à une myriade de start-ups de la sleep tech centrées sur le bien-être (Apnéade et son téléphone posé sur la poitrine, Apple Watch avec capteur de fréquence cardiaque et autres matelas à détection passive…), Sunrise a ainsi profité de son modèle différenciant, “à la fois hybride hardware/software, mais aussi holistique, avec un continuum médical validé scientifiquement et intégré dans les parcours de soins”, qui lui permet de viser non seulement les payeurs, très soucieux de réduire les coûts, mais aussi les patients, en quête de soins plus accessibles. Concrètement, en 2 semaines (contre environ 6 mois dans le parcours traditionnel), les patients obtiennent une étude complète de leur sommeil et bénéficient d’une prise en charge intégralement digitalisée ET remboursée. Le tout, “avec des résultats plus représentatifs puisque les enregistrements se font à domicile (environ 200 dollars le test), simplement et sereinement, et surtout sur plusieurs nuits, quand les polysomnographies réalisées à l’hôpital (plus de 2 500 dollars) se révèlent très contraignantes, stressantes, et sur une seule nuit”, détaille Laurent Martinot, ajoutant que dans le cadre proposé par Sunrise, les patients poursuivent correctement leurs traitements dans 75 à 80 % des cas, contre 50 % dans le schéma hospitalier actuel.
50 M€ de fonds levés depuis la création
À la frontière entre medtech et service de santé numérique, la société basée en Belgique mais avec des bureaux également à Paris, emploie déjà 80 personnes. Bien sûr, elle veut continuer son expansion outre-Atlantique, mais aussi importer sa solution en Europe, à commencer par la France (voir encadré). Pour ce faire, Sunrise vient de lever 25 M€. Un tour mené par Eurazeo, avec la participation d’Amazon Alexa Fund, WE International, Kurma Partners, Vives Fund, Majycc Innovation Santé (un fonds UI Investissement), Namur Invest, Seventure Partners, Investsud, Sambrinvest, Noshaq, IMBC et Invest.BW. Ce financement porte le total des fonds privés levés depuis sa création à 50 M€, avec une opération à 17,5 M€ en mars 2023 suivie de l’entrée au capital d’Amazon pour un montant de 5,5 M€ en juillet 2024. En non dilutif, la société a bénéficié du soutien du fonds européen EIC en 2021 (6,5 M€).
Sunrise bénéficie à ce jour d’une visibilité jusqu’à mi-2027. “Puis nous visons la rentabilité en 2028. À ce moment-là, nous devrions employer environ 300 personnes, situées aux États-Unis, en France et en Belgique, où le sujet est en train d’évoluer, en Allemagne, où le dispositif DiGA devrait nous ouvrir des portes, ou encore en Angleterre, où nous sommes déjà présents et reconnus, puisque recommandés par le NICE, comité prestigieux lié au NHS.”
Marine Rabreau
ENCADRÉ – LA FRANCE, PREMIER PAYS EUROPÉEN CIBLÉ
“La France a toujours été pionnière sur la question du sommeil et a été le premier pays à saisir l’importance de notre technologie”, assure Laurent Martinot. Depuis près de deux ans, une étude publique “Forfait Innovation” – un peu comme une fast-track pour les médicaments -, cofinancée par l’État est menée : l’essai randomisé contrôlé est réalisé auprès de 848 patients, dans le but de confirmer la précision et l’efficacité de son test du sommeil à domicile face au gold standard, à savoir la polysomnographie en hôpital. “Nous allons publier nos résultats dans les prochains mois, puis continuer nos discussions avec la HAS et la Sécurité sociale en espérant passer en remboursement pérenne”, confie-t-il, se disant “enthousiaste” à l’idée de pouvoir commencer le déploiement dans un horizon “d’une grosse année”.
Exergue : “Notre plateforme est désormais opérationnelle dans les 50 États américains, sur un réseau de 500 prescripteurs et des partenariats avec les assureurs couvrant 177 millions de patients” – Laurent Martinot, CEO de Sunrise.