La nouvelle a surpris beaucoup de monde. Frédéric Oudéa arrive chez Sanofi. Mu par un vieux fond de modestie, il entre au conseil d’administration par la porte étroite du censorat, mais son avenir est tout tracé puisqu’à la prochaine AGE. Il deviendra administrateur avant d’emporter triomphalement la présidence non-exécutive du conseil. L’ancien patron de la Société Générale devient pharmacien. Cela a donc de quoi surprendre, mais l’homme est coutumier du fait puisqu’il avait pris le contre-pied des observateurs qui le voyaient tous poursuivre sa mission au sein de la grande banque. « Mais que diable vient-il faire dans cette galère ? ». Certes, le secteur est attrayant et bien plus défensif que les banques secouées par l’inflation galopante, mais tout de même, Monsieur Oudéa a encore tout à découvrir dans le domaine pharmaceutique. Un challenge qui ne fait pas peur à cet X-ENA passé par l’inspection des finances. En nous pardonnant cette métaphore sportive, il remplace poste pour poste, Serge Weinberg de Weinberg Capital Partners, lui aussi ancien élève de l’ENA qui a tenu les rênes du groupe pharmaceutique durant ces douze dernières années. Nous pourrions nous interroger sur la finalité de nommer à la tête d’un groupe pharmaceutique quelqu’un dont les mérites sont ailleurs. Nous pourrions tout aussi bien regarder ce que les concurrents de Sanofi font. Ainsi chez GSK, le chairman non-executive est Sir Jonathan Symonds qui a une carrière très financière mais en partie associée aux sciences du vivant et la pharmacie (Novartis, AstraZeneca, Rubius Therapeutics). De même chez Novartis, Joerg Reinhardt, président depuis 2013, peut être qualifié de vétéran du domaine de la santé. Christoph Franz, lui, a fait toute sa carrière dans l’aviation avant d’atterrir dans le laboratoire Roche. De son côté, Leif Johansson, non-Executive Chair of the Board d’AstraZeneca depuis 2012, n’avait jusqu’alors qu’un très lointain rapport à la pharmacie. Ainsi les parcours sont-ils multiples et nous espérons que l’arrivée de Frédéric Oudéa sera véritablement un apport de sang neuf à l’heure où Sanofi se trouve quelque peu déstabilisé dans la course mondiale. Le laboratoire français se trouve, en effet, véritablement à la croisée des chemins après une crise sanitaire qui lui a apporté des revenus (cf. Doliprane) mais a surtout été vécue comme un véritable traumatisme face à une innovation défaillante (vaccins, ARN). Et à propos de renouvellement, nous aurions apprécié que la branche française du groupe accueille beaucoup moins furtivement sa première présidente en la personne d’Audrey Derveloy…nos félicitations !
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