(BiotechFinances n°1028) Après le fiasco de l’Aduhelm de Biogen, qui avait secoué non seulement la communauté scientifique et médicale, mais aussi le régulateur, la FDA, avait à nouveau entrouvert, avec succès, la porte pour le lécanemab d’Eisai/Biogen, un nouvel anticorps monoclonal anti-amyloïde. Aujourd’hui, Eli Lilly, qui vient d’annoncer par voie de presse que son anticorps anti-amyloïde, le donanemab, avait atteint ses objectifs dans le cadre d’un essai clinique de phase III, prend position dans la file d’attente de cette « nouvelle classe d’indication ». Ce nouvel anticorps monoclonal anti-plaques d’amyloïde ralentirait de 36%, le déclin cognitif observé chez les 1 182 patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Lilly serait-il en position de réclamer auprès de la FDA, un sticker de « best in class » jusqu’au prochain entrant, car 36% de ralentissement du déclin est mieux que 27% comme observé avec le lécanemab ? La question reste entière car lorsque l’on intègre l’ensemble des 1 736 patients de l’étude, l’image est plus contrastée avec un ralentissement du déclin cognitif qui tombe à 29%, soit +2%. Une différence qui pourrait provenir du taux initial de protéine tau : intermédiaire chez les 1182 et faible chez les 554 autres, alors que lors de l’étude CLARITY-AD
d’Eisai, le focus était mis sur des patients aux premiers stades de la maladie (niveau de protéine tau très faible). Ainsi donc le donanemab ne serait pas mieux que le lécanemab et peut-être même moins bien. Certes, la comparaison est loin d’être aisée, car au-delà des designs des essais, des dosages, des recrutements qui sont différents, les outils même d’évaluation du déclin cognitif ne sont pas totalement identiques. Eli Lilly est allée, en effet, jusqu’à élaborer sa propre échelle, l’iADRS (échelle intégrée d’évaluation de la maladie d’Alzheimer), qui combine la CDR-SB (utilisée par Eisai pour le lécanemab) avec l’ADCS-iADL et l’ADAS-Cog13. Au-delà, les données de sécurité semblent en défaveur du donanemab. Il est acquis que les thérapies anti-amyloïdiques génèrent des effets secondaires non négligeables comme les ARIA (Amyloid-related Imaging Abnormalities), qui peuvent être de 2 types : œdémateux (ARIA-E) ou hémorragique (ARIA-H). Selon le communiqué de presse de Lilly, leur niveau serait augmenté au sein de l’essai TRAIBLAZER-ALZ2 avec l’utilisation du donanemab (24% d’ARIA-E et 31,4% d’ARIA-H) contre respectivement 6,1% et 13,6% dans le groupe placebo. Mais de plus, le taux d’ARIA-E sous donanemab serait deux fois plus nombreux dans l’essai avec le lécanemab. Il y a fort à penser que la bataille sera rude pour Eli Lilly et que les votes seront disputés au sein des comités de la FDA.
Eli Lilly s’engouffre derrière Eisai et Biogen
▶️ 2 min







