L’augmentation de capital menée par les fonds parisiens Cap Horn et Future Positive Capital va permettre à la medtech allemande de déployer en France son dispositif médical numérique thérapeutique déjà remboursé en Allemagne.
Cette fois-ci, c’est la bonne. Après avoir levé 6,5 M€ en 2022, puis 7 M€ en octobre 2023, la medtech allemande Kranus Health annonce avoir opéré une nouvelle augmentation de capital de 4,5 M€, portant ainsi la totalité de sa série A à 18,5 M€. Ce dernier tour de table a été mené par les fonds d’investissement parisiens Cap Horn et Future Positive Capital, tous deux spécialisés dans le domaine de la santé numérique et des dispositifs médicaux. Ces fonds d’envergure internationale rejoignent les soutiens historiques de l’entreprise, à savoir le fonds français Karista puis HTGF, Swiss Health Ventures et des business angels de renom dans le secteur.
Avec ces nouveaux financements, Kranus cherche à accélérer le déploiement en Europe – à commencer par la France -, de son premier dispositif médical numérique thérapeutique, baptisé Kranus Edera. Il est destiné aux patients souffrant de dysfonction érectile, une pathologie qui affecte psychologiquement et émotionnellement plus d’un tiers des hommes de plus de 40 ans dans l’Hexagone, et souvent corrélée à des risques de maladies cardiovasculaires. “Actuellement, les seuls traitements de première ligne contre la dysfonction érectile sont symptomatiques : ce sont des inhibiteurs, comme le viagra, qui vont certes résoudre le problème sur le moment, mais qui ne s’attaquent pas aux causes sous-jacentes de la maladie. Or, la littérature scientifique indique que l’origine de la dysfonction érectile est principalement organique : elle est souvent dûe à une mauvaise hygiène de vie,des problématiques cardiovasculaires liées et à des facteurs psychologiques comme l’anxiété ou la dépression”, explique Charlotte Puechmaille, Directrice France de Kranus Health.
Kranus Edera déjà prescrit et remboursé en Allemagne
C’est sur la base des directives médicales de la littérature que Kranus Health a développé son programme thérapeutique numérique qui a déjà pris en charge plus de 11 000 patients depuis 2021 en Allemagne. “Il s’agit d’une application mobile, utilisable partout et en totale autonomie, disponible uniquement sur prescription médicale. Elle permet de suivre un programme de 12 semaines, à raison d’1h30 à 2h par semaine, comprenant des exercices physiques, avec du renforcement cardiovasculaire et du renforcement du plancher pelvien, mais aussi un soutien mental et éducationnel, avec des contenus audios sexothérapeutiques très pédagogiques et des exercices basés sur la pleine conscience”, décrit Charlotte Puechmaille. Et de poursuivre : “En 2022, nous avons finalisé un essai clinique randomisé contrôlé en Allemagne sur 241 patients, qui ont vu leur condition et leur qualité de vie nettement améliorées, et leurs options de traitements élargies”. Des résultats positifs qui ont permis à la thérapie Kranus Edera d’obtenir un remboursement permanent en mars 2023 par les assurances maladie locales, suite à son intégration au dispositif allemand de remboursement anticipé pour les applications numériques, le DiGA.
Cap sur la France
“Il est désormais temps d’accélérer notre déploiement en France”, assure Charlotte Puechmaille, qui a rejoint la medtech en juillet 2023, à la création de la filiale française de Kranus Health, après 8 années passées chez Withings dont 5 dédiées au développement du business en Allemagne. La France a en effet lancé à son tour un dispositif de prise en charge anticipée numérique, appelé PECAN, au printemps 2023. “Nous allons déposer prochainement notre dossier de demande de remboursement PECAN en France et nous envisageons un retour positif d’ici la fin de l’année”, confie Charlotte Puechmaille.
Entre temps, l’équipe basée dans les locaux de Paris Santé Campus, va s’agrandir : “Actuellement nous sommes trois, et nous allons ouvrir 4 postes, dont un Head of growth, un Market access manager, un chargé de communication/marketing et un visiteur médical”. D’autres implantations européennes vont suivre. « Nous ciblons les pays où la mise en place de fast tracks est en vigueur. Certains pays travaillent sur des réglementations dans ce sens, comme la Belgique, l’Autriche ou l’Espagne”, précise Charlotte Puechmaille.
En attendant, en parallèle du déploiement en France de son appli Kranus Edera, la medtech va étendre ses thérapies numériques aux patients souffrant de l’hypertrophie bégnine de la prostate (HBP) chez l’homme et l’incontinence urinaire chez la femme. “Concernant l’HBP, l’étude clinique relative à la thérapie s’est finalisée en 2023, ce qui nous permet d’envisager un remboursement en Allemagne au cours des prochaines semaines”, assure Charlotte Puechmaille. Tandis que l’incontinence féminine fera l’objet “très prochainement” d’une étude clinique randomisée.
Marine Rabreau
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