Avancée. « Cela fait plus de 20 ans qu’il n’y a pas eu de médicament pour traiter les AVC », a rappelé Gilles Avenard le président d’Acticor Biotech à l’occasion de la publication cette semaine de résultats cliniques très prometteurs pour son anticorps GP6, Glenzocimab. Les données préliminaires de l’étude européenne de phase 1b/2a réalisée auprès de 185 patients montrent non seulement « la bonne tolérance du médicament mais surtout une réduction des saignements intracrâniens et un bénéfice spectaculaire sur le taux de décès jamais vu à ma connaissance », a déclaré enthousiaste Yannick Pletan, le directeur médical.
Réduction par 3 de la mortalité
Dans cet essai, les patients ont tous reçu le traitement de référence, soit l’altéplase, soit une thrombectomie. Puis le Glenzocimab a été évalué contre placebo. L’un des principaux enjeux aujourd’hui pour traiter les AVC ischémique, réside dans les saignements provoqués par les médicaments. Or en associant Glenzocimab au traitement de référence, le taux d’hémorragie interne symptomatique ressort à 1% seulement (contre 8% dans le bras placebo) et à 31% (Vs 48% placebo) pour les cas asymptomatiques identifiés par scanner ou IRM. Par ailleurs, le taux de survie des patients traités avec Glenzocimab est nettement supérieur. Le taux de décès qui s’élève à 19% dans le bras placebo chute en effet à 8% avec le candidat médicament d’Acticor. La réduction du handicap sévère à la suite de l’AVC est tout aussi notable.
Un succès clinique qui devrait donc accélérer le développement de Glenzocimab. L’étude de phase 2-3, en vue d’un enregistrement, doit démarrer cette année en Europe et aux Etats-Unis. Toutefois, à l’aune de ces nouvelles données cliniques, son design devrait être modifié, sans doute par un amendement. « Compte tenu des bons résultats obtenus sur la mortalité, il n’est pas envisageable éthiquement d’inclure 1000 patients dont la moitié sous placébo alors que l’on peut les sauver », reconnaît Gilles Avenard. Des discussions avec les agences sanitaires vont donc être engagées sur ce sujet, un bras de l’étude pourrait même être supprimer.
Appel au marché pour financer la dernière étape
L’arrivée sur le marché sera sans doute aussi boostée. « Nous avions envisagé d’y être en 2027, il est possible que ce temps soit raccourci compte tenu de ces résultats et d’un design différent de l’étude de phase2-3 », souligne le DG. Concernant le prix du médicament, si rien n’est encore calé, le prix de l’alteplase servira évidemment de référence. « Nous devons réaliser une étude prévisionnelle médico-économique pour refaire des hypothèses et proposer un prix acceptable pour la communauté des payeurs, mais ces résultats nous mettent en très bonne position pour la négociation », se réjouit-il. Quant à la commercialisation, elle passera forcément par un partenariat, « ce n’est pas à l’échelle d’Acticor de lancer un tel produit » admet-il. D’autant que le médicament pourrait voir son indication élargie à l’infarctus du myocarde et à l’embolie pulmonaire.
Côté financement, Acticor ne dispose pas de la trésorerie suffisante pour aller jusqu’au bout de cette étude de phase 2-3 dont le cout est évalué à environ 40 M€. « Nous avions prévu lors de l’introduction en Bourse en novembre d’avoir suffisamment d’argent pour réaliser l’étude de futilité, nous allons devoir lever à nouveau des fonds », admet Gilles Avenard. Quant à un partenariat de développement avec une pharma, « l’option reste ouverte et va dépendre d’une part de notre capacité à poursuivre seul et d’autre part de l’intérêt des pharmas pour une pathologie délaissée depuis longtemps. C’est un nouveau paradigme pour les industriels mais nous discutons avec beaucoup d’entre eux », conclut le dirigeant.
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