(BiotechFinances n°975 lundi 14 février 2022) Effet COVID oblige, les vaccins intéressent de plus en plus les investisseurs et les pharmas. Linkinvax, un spin off de l’Inserm, espère profiter de cet engouement avec sa plateforme de vaccins protéiques pour lever autour de 100 M€ dans les douze prochains mois. Il faut dire que le marché visé se monte à 35 Mds$ hors COVID et progresse chaque année de 10%. En attendant, la jeune biotech réalise cette semaine un tour d’amorçage de 4,35 M€, mené par ses fondateurs et des business angels.
Linkinvax a été créée en 2020 par Yves Lévy, ancien président de l’Inserm et fondateur de l’Institut de Recherche Vaccinale (VRI) ; André-Jacques Auberton-Hervé, ex-président fondateur de l’entreprise de semi-conducteurs Soitec, Rémi Gaston-Dreyfus, avocat et homme d’affaires ainsi que deux ex-cadres du VRI : Laurent Hanot et Mireille Centlivre. Rien d’étonnant que la majorité de l’équipe vienne du VRI, puisque la découverte scientifique sur laquelle s’appuie la biotech est issue de plus de 10 années de recherches au sein du laboratoire académique créé en 2011 sous l’égide de l’Université Paris Est Créteil et l’ANRS/INSERM. « Notre plateforme vaccinale protéique cible directement les cellules dendritiques qui activent notre système immunitaire (DC Targeting) » explique André-Jacques Auberton-Hervé, le pdg de Linkinvax. « Pour cela, on utilise un anticorps monoclonal humanisé commun à tous les vaccins de notre plateforme, complété par un antigène à façon correspondant à un pathogène spécifique qui va déclencher la réponse immunitaire », ajoute-t-il
Financement COVID exceptionnel de Bpifrance
Le pipeline comprend 5 candidats, deux contre le VIH, l’un prophylactique l’autre thérapeutique, un en oncologie dans les cancers liés au papillomavirus, un vaccin de rappel contre le SARS-CoV-2 et ses variants, ainsi qu’un programme pré-clinique anti-chlamydia. Pour le moment seul le candidat vaccin prophylactique HIV est en phase 1. « L’essai a été lancé en mai 2021 et les premiers résultats sont attendus fin 2022 », indique André-Jacques Auberton-Hervé. La prochaine étude clinique de phase 1/2 portera sur le SARS-CoV-2, et devrait débuter à l’automne.
A cet effet Linkinvax a déjà reçu un financement de 31 M€ au printemps dernier de la part de Bpifrance dans le cadre du programme PSPC COVID du PIA. Une somme plus importante que celles touchées par d’autres biotechs ayant des projets au stade préclinique. « Nous étions les seuls à l’époque à nous positionner sur un vaccin de rappel, avec une technologie innovante, ce qui était assez précurseur. Cette spécificité, c’est peut-être ce qui a intéressé Bpifrance », justifie Yves Levy.
Interrogé sur le risque de conflit d’intérêt lié à sa présence au capital d’une société où figure également l’Inserm (via sa filiale Inserm Transfert) qu’il a présidé de 2014 à 2018, Yves Levy précise : « Tout est parfaitement encadré par les lois Allègre et Pacte, le Code de la Recherche, et la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). L’Inserm est propriétaire des brevets et serait la première à bénéficier d’un succès de Linkinvax aux côtés de l’université et de l’AP-HP. De mon côté, je prends mon risque au travers d’une société. Je suis aujourd’hui professeur des universités-praticien hospitalier à l’AP-HP et directeur d’une équipe INSERM et directeur du VRI ». Fermez le ban.
5 vaccins en clinique en 5 ans
Côté finances, une partie des fonds alloués par Bpifrance a été consacrée à la coûteuse bioproduction des lots cliniques. Au total l’étude internationale enrôlera 750 patients, primo vaccinés ou non vaccinés. « Le protocole des essais cliniques sera finalisé en fonction de la situation vaccinale des populations dans un schéma de stratégie de rappel long terme » précise André-Jacques Auberton-Hervé. Seule certitude, la biotech aura besoin d’un tour de table supplémentaire pour financer le programme, et espère avoir bouclé sa série A+ d’ici là.
Grâce à cette prochaine levée, une phase 1 devrait également débuter fin 2022 avec le vaccin thérapeutique adressant les cancers liés aux papillomavirus. L’objectif de Linkinvax est de parvenir à développer ses 5 vaccins au niveau phase 1 / phase 2 dans les 5 années à venir.
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