Pressée, la biotech qui créé des organes en 3D prépare une cyberlevée et une entrée en Bourse pour accélérer son développement jusqu’à la greffe.
Le laboratoire nordiste HCS Pharma prépare ce printemps une levée de fonds de l’ordre de 5 à 7 M€, et dans la foulée une introduction en bourse à Francfort. Cette dernière opération sera réalisée grâce au rachat d’une société cotée, désormais sans activité, dont le nom n’est pas dévoilé à ce jour. Le but de la manœuvre pour la biotech française est d’accélérer dans l’engagement d’essais cliniques avec sa solution Biomimesys.
« La particularité de notre première levée, qui interviendra en avril, c’est qu’elle sera réalisée auprès d’investisseurs en cryptomonnaies. Ces investissements seront effectués via la plateforme edsx.ch », explique Nathalie Maubon, présidente-fondatrice et responsable scientifique de HCS Pharma. Un investissement en cryptomonnaie dans la biotech… Voilà un pari pour le moins osé !
Une cotation à la Bourse de Francfort
Concernant la coquille vide boursière achetée en Allemagne, qui portera in fine le nom de HCS Pharma et ses activités, Nathalie Maubon assume le choix de la rapidité et de l’efficacité. Son entreprise a obtenu un engagement de financement d’un montant de 20 M€ auprès du fonds luxembourgeois GEM. Or, l’accord entre les deux parties prévoit que cet argent, converti en parts de la société, ne peut être appelé que si HCS Pharma est « introduit en bourse sur une place nationale européenne. »
Sur le plan technologique, Biomimesys consiste en la reproduction d’une matrice extracellulaire, constituée d’un squelette solide intégrant des protéines d’adhésion sur lesquelles peuvent se fixer des cellules pour créer un tissu ou un organe en 3D, à l’échelle millimétrique. Cette technologie a été créée par la start-up rouennaise Celenys (aujourd’hui liquidée) dont HCS Pharma a racheté les brevets il y a quatre ans. « C’est une technologie prouvée et éprouvée, soutient Nathalie Maubon. Biomimesys est aujourd’hui utilisée par des laboratoires académiques pour les besoins de la recherche fondamentale et l’industrie cosmétique. Notre souhait, avec la levée de fonds et l’introduction en bourse, est de produire des essais cliniques qui permettront de prouver son absence de toxicité dans le cadre de thérapies cellulaires ou régénératrices pour le traitement de cancers. »
Le développement sur les cellules souches à Taïwan
En outre, à plus long terme, l’entreprise nordiste, qui a déjà levé 5 M€ en subvention et capital auprès de Nord France Amorçage (porté par le conseil régional des Hauts-de-France), Finovam gestion et Angels Santé, aimerait que Biomimesys puissent servir de support au développement d’organes à taille réelle pour permettre d’aller jusqu’à la greffe. « Dans un premier temps, notre volonté est de travailler autour des cancers, notamment du foie. Un travail est engagé en ce sens avec l’Institut du thorax de Nantes, partenaire du CHU de la ville », détaille la dirigeante de HCS Pharma.
Si la société entend rester ancrée à Lille afin d’y développer une activité industrielle pour la culture de plaques en 3D, elle envisage aussi une installation à Taïwan, où les normes éthiques d’utilisation des cellules souches sont plus souples qu’en France. « L’éthique faisant, le développement sera plus rapide en Asie qu’en Europe. Nous souhaitons cultiver à Taïwan des organes sur puces qui, suivant une technologie microfluidique, intègrent des vaisseaux permettant de véhiculer des médicaments avant d’aller plus loin encore », ambitionne l’entreprise nordiste qui, pour pousser la démarche à son terme devra poursuivre recherche et développement sur une période qu’elle estime « de 8 à 10 ans. »
Guillaume Mollaret
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