La société néerlandaise d’investissement LSP vient de clôturer son 7e fonds dédié aux sciences de la vie sur un montant record de 1 Md€. Ce qui fait de LSP 7, le plus important fonds capital-risque du secteur jamais levé en Europe. John de Koning, son general partner, nous dévoile ses cibles d’investissement privilégiées et son analyse du marché français.
BiotechFinances : Cette somme record de 1 Md€ dans quel type d’entreprises allez-vous l’investir ?
John de Koning : Nous allons conserver notre modèle. Généralement, nous ciblons une quinzaine d’entreprises par fonds. Nous investissements seront majoritairement réalisés en Europe, pour 80% environ et 20% aux États-Unis. Nous investissons à tout stade de développement des sociétés. Environ 70%-80% de nos investissements sont opérés dans le secteur des biotech, quel que soit la pathologie adressée. Nous sommes très ouverts pour les 20-30% restants, qui sont investis dans le secteur des dispositifs médicaux ou du diagnostic.
BF : A combien se monte le ticket moyen de vos investissements ?
John de Koning : Ce sera parfois plus, parfois moins, mais disons que, dans une fourchette large le montant moyen investi sera compris entre 25 et 100 M€.
BF : Cinq pharmas ont souscrit à LSP7, qui sont-elles ?
John de Koning : Il s’agit de Bristol Myers Squibb (BMS), qui nous fait confiance depuis 2015 ; des laboratoires japonais Otsuka Pharmaceuticals ; Astellas Pharma et Asahi Kasei ; ainsi que du laboratoire chinois Qilu Pharma.
BF : Le marché français représente-t-il un vivier d’investissements ?
John de Koning : Nous sommes attentifs au marché français, comme au reste de l’Europe et au Royaume-Uni. Parce que nous investissons dans une quinzaine d’entreprises par fonds, il y a forcément un à trois investissements en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Belgique ou en Italie. Avec LSP 6, nous avons par exemple pris des participations dans deux sociétés françaises Amolyt Pharma (Alyzé Pharma) et DNA Script.
BF : Vous êtes entré avec LSP 7 au capital d’Egle Therapeutics*, quel regard portez-vous sur les biotechs françaises ?
John de Koning : Il évolue positivement. Pour être honnête, il y a cinq ans encore, nous n’étions pas vraiment impressionnés par sa maturité. Attention, la recherche était de bon niveau mais le nombre d’entreprises en mesure de franchir un cap était limité. Les choses ont, nous le pensons, évolué vers le mieux et nous attendons beaucoup du marché français car le niveau de recherche est très bon et qu’il y a des exemples d’entreprises financées qui ont été en mesure de montrer qu’elles étaient en capacité de développer des produits prometteurs. Cette observation ne vaut pas seulement pour la France, mais de nombreux pays européens, notamment les Pays-Bas. Les choses ont tendance à s’accélérer.
BF : A quoi attribuez-vous cette évolution de l’écosystème ?
John de Koning : Prenons l’exemple de la Belgique. Si ses biotechs sont plus mâtures, ce n’est pas parce que les scientifiques se sont améliorés mais parce que des investissements importants ont été mis plus tôt au service des entreprises. Il y a aussi un tissu industriel et un écosystème propice, avec notamment la présence de UCB et Jansen (Johnson & Johnson).
BF : Dès lors, pourquoi ne pas investir davantage en amorçage ?
John de Koning : Parce que nous voulons être certains que les entreprises dans lesquelles nous investissons sont prêtes à recevoir le capital que nous souhaitons apporter. Cela arrive cependant que nous investissions très en amont des projets mais il faut que plusieurs conditions soient réunies. Plus souvent, nous sommes ouverts à la discussion avec les start-up, si elles sont en quête de conseil. Nous échangeons sur leurs perspectives, puis décidons de nous revoir dans les deux ou trois années qui suivent afin de faire un point.
BF : Quid de la valorisation des entreprises françaises au regard des biotechs européennes ?
John de Koning : Il y a une grande différence entre les entreprises européennes et américaines mais pas vraiment au sein de l’Europe, exception faite de la Grande-Bretagne où les valorisations sont un peu supérieures. C’est aussi lié au fait que beaucoup de capitaux y sont disponibles. Il en va de même pour la nature du management.
BF : Que pensez-vous des managers en Europe ?
John de Koning : Le profil des dirigeants, qui restent souvent les fondateurs, est à peu près le même partout. La différence, par rapport à il y a quelques années, c’est l’expérience de ces dirigeants. On le constate dans nos investissements : à peu près un tiers de ceux-ci sont opérés dans des sociétés où les fondateurs n’en sont pas à leur première expérience d’entrepreneur.
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