(BIOTECHFINANCES N°988 Lundi 23 mai 2022) Depuis plus d’un an, le secteur corrige en Bourse. S’il pâtit comme l’ensemble des entreprises en croissance, de la hausse des taux d’intérêt, il est aussi affecté par des difficultés spécifiques comme les retards pris en matière d’avancées thérapeutiques. Les attentes sont ainsi importantes dans les prochains mois, augurant d’un rebond rapide, dès leur concrétisation.
Avec une baisse depuis le début de l’année de 24,06% au 16 Mai du Nasdaq Biotechnology, l’indice de référence des valeurs biotech, la correction du secteur n’a rien à envier à celle des valeurs technologiques. Il est en effet pénalisé par la hausse des taux d’intérêt engagée par la banque centrale américaine (Fed). Celle-ci est, de façon générale, délétère pour les actions car elle implique une plus grande différence entre la valeur future des sociétés et leur valeur actuelle. Et cette différence est d’autant plus marquée pour les valeurs de croissance dont les revenus à venir sont significativement supérieurs aux revenus actuels.
Peu d’annonces
Le secteur souffre en plus de difficultés spécifiques. « Après avoir atteint un sommet en février 2021, les valorisations boursières des biotechs ont commencé à décliner, les investisseurs n’ayant pas jugé pertinent de se positionner sur ces valeurs particulièrement risquées dans un contexte de rebond généralisé des marchés des actions. De plus, les biotechs ont enregistré des retards par rapport au développement de leurs produits. Si ceux-ci sont inhérents au secteur, ils ont été accentués par la pandémie qui a, entre autres, repoussé le recrutement de patients pour des essais », explique Mohamed Kaabouni, analyste spécialisé sur les biotechs chez Portzamparc. Plus généralement, le « newsflow » c’est-à-dire les annonces concernant des obtentions d’agrément de molécules ou encore des rachats de biotech par des grandes sociétés pharmaceutiques, a été décevant ces derniers mois, quelle que soit la zone géographique. « La valorisation des biotechs repose essentiellement sur le « newsflow », or des retards ont été pris. En France, une société comme Carmat, par exemple, qui a obtenu une autorisation de mise sur le marché de son cœur artificiel a enregistré des contretemps opérationnels », relate Mohamed Kaabouni. Des reports aux conséquences multiples. « De nombreuses biotechs se retrouvent aujourd’hui confrontées à une problématique de trésorerie. En France, une grande partie d’entre elles disposent d’une visibilité financière inférieure à 12 mois. Or celle-ci est essentielle pour leur développement car, nous le savons, la grande majorité de ces sociétés ne génèrent pas de revenus », poursuit Mohamed Kaabouni.
Une maturité plus grande
Les spécialistes évoquent tout de même des signes positifs concernant les valeurs françaises qui pourraient se traduire par une reprise dès le second semestre de 2022. « Le pipeline des biotechs françaises atteint aujourd’hui un niveau de maturité significatif ; nous attendons cette année le lancement de 7 études de phase III et les résultats de 5 études de phase III et plusieurs sociétés sont aux portes de la commercialisation de leurs produits (Carmat, Valneva, Gensight Biologics ou encore Maat Pharma, Pherecydes sous régimes exceptionnels…) », détaille Mohamed Kaabouni. Mais pour que le rebond boursier soit durable, de nombreuses étapes devront être franchies au niveau mondial. « Le contexte macro-économique doit s’améliorer, les opérations de fusions et acquisitions s’accélérer, les bonnes nouvelles se multiplier et le covid s’estomper pour laisser la place au traitement et à la recherche sur d’autres pathologies », conclut pour sa part Lydia Haueter, gérante de la stratégie Pictet-Biotech.
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